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Deux hommes condamnés à Paris pour cyberfinancement du terrorisme en Syrie

Une allégorie de la Justice. Photo d'illustration

Une allégorie de la Justice. Photo d'illustration - FRANCK FIFE / AFP

Les deux individus ont été condamnés à deux et trois ans de prison ferme.

Deux hommes impliqués dans des transferts de fonds en cryptomonnaie de la France vers la Syrie ont été reconnus coupables, vendredi à Paris, d'"association de malfaiteurs" et de "financement du terrorisme" et condamnés à deux et trois ans de prison ferme.

Sami Allem, Franco-algérien de 26 ans, s'est vu infliger quatre ans d'emprisonnement dont un avec sursis; Abderrahman Cheikh, Franco-marocain de 23 ans, quatre ans de prison dont deux avec sursis.

M. Allem, en détention provisoire depuis deux ans à Paris, est retourné ce vendredi soir en prison. M. Cheikh, qui avait été laissé sous contrôle judiciaire depuis le début de l'affaire, effectuera, lui, les deux années en détention à domicile sous surveillance électronique (DDSE).

La cour n'a pas suivi les réquisitions du parquet qui avait demandé jeudi des peines d'emprisonnement de quatre et deux ans ferme pour ces "relais en France" qui permettent de faire "fonctionner le système". Les prévenus encouraient jusqu'à dix ans de prison.

Le procès, qui s'est tenu pendant quatre jours - une durée exceptionnellement longue selon le président - devant la 16e chambre dédiée aux affaires de terrorisme, concernait distinctement MM. Allem et Cheikh, qui ne se connaissent pas mais qui ont oeuvré tous les deux pour le compte d'un trio, membre du groupe HTS (Hayat Tahrir Al-Sham, ex-branche d'Al-Qaïda en Syrie).

280.000 euros envoyés en Syrie

MM. Allem et Cheikh partageaient sur les réseaux sociaux de nombreuses vidéos liées à la "propagande jihadiste" à laquelle ils ont reconnu adhérer "à l'époque" des faits.

Ils étaient poursuivis pour avoir acheté et transféré des coupons de cryptomonnaies et ouvert des comptes en ligne pour trois membres du HTS: Mesut Sekerci (dit Abou Moussa) et Walid Fekkar, partis en Syrie en 2013 et condamnés en avril 2016 à dix ans d'emprisonnement assorti d'un mandat d'arrêt pour association de malfaiteurs terroriste, ainsi que Saïd Oubelkhir.

Selon l'instruction, 280.000 euros sont passés via le trio entre 2018 et 2020. Le principe était de convertir de l'argent en cryptomonnaie via des sympathisants basés en Europe.

Sami Allem a notamment acheté 124 coupons pour un montant de 15.000 euros et ouvert plusieurs comptes. Abderrahman Cheikh a envoyé personnellement 200 euros en Syrie en cryptomonnaie et permis l'ouverture de quatre comptes.

Tous deux ont reconnu les faits lors du procès, plaidant qu'ils n'avaient pas conscience de la dangerosité de leurs actes ni connaissance d'agir pour des "combattants", évoquant leur souhait de vouloir "aider une cause (...) le peuple syrien".

Les parties ont dix jours pour faire appel.

A. La. avec AFP