BFM Paris Île-de-France
Paris Île-de-France

Des élus de Seine-Saint-Denis lancent un appel à la mobilisation contre la réforme des retraites

Stéphane Troussel en février 2019 à Paris

Stéphane Troussel en février 2019 à Paris - Ludovic MARIN © 2019 AFP

Stéphane Troussel, des maires et des députés dénoncent "un projet injuste", dont les conséquences seront néfastes pour les plus précaires et les plus jeunes.

Ses contours avaient déjà filtré, il ne manquait plus que l'annonce officielle. Élisabeth Borne, la Première ministre, ainsi que plusieurs de ses collègues du gouvernement, ont présenté mardi soir les grands axes qu'ils souhaitent donner à la réforme des retraites: recul de l'âge légal à 64 ans, fin des régimes spéciaux dans certaines branches, allongement de la durée de cotisation, pour ne citer que les plus emblématiques.

Ce ne sont pas les quelques "concessions" offertes aux syndicats (augmentation des pensions, promesse d'une meilleure prise en compte de la pénibilité) qui atténueront la colère des élus de gauche. Ces derniers ont unanimement pointé du doigt le projet de réforme.

Président du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, le socialiste Stéphane Troussel ne déroge pas à la règle. Avec plusieurs dizaines d'élus de son territoire, il a lancé ce mercredi un appel à la mobilisation le 19 janvier en soutien au mouvement intersyndical. Parmi les premiers signataires, on trouve Patrice Bessac, Mathieu Hanotin ou Bertrand Kern, respectivement maire de Montreuil, Saint-Denis et Pantin, ou encore les députées Aurélie Trouvé, Raquel Garrido, Alexis Corbière et Clémentine Autain.

"Lourdes inquiétudes"

"Non à cette réforme injuste et brutale des retraites!", fulminent-ils, par-dessus tout opposés au report de l'âge légal à 64 ans et à l'allongement des durées de cotisation.

"Injuste parce qu’elle va frapper d’abord celles et ceux qui ont commencé à travailler tôt, sur des métiers plus durs, notamment les femmes aux parcours plus hachés, justifient-ils. Brutale parce qu’elle aura pour conséquence d’allonger la période de précarité de celles et ceux qui, avant d’arriver à la retraite, ne sont plus en emploi et passent par la case chômage, RSA, invalidité ou encore allocation de solidarité spécifique. Cela concerne 4 personnes sur 10, et particulièrement les ouvrier.e.s et les employé.e.s."

Qui plus est, soutiennent les élus, dans une période chargée des "lourdes inquiétudes" véhiculées par "l'inflation et la hausse des prix de l'énergie".

Le département le plus pauvre de France

Concrètement, les élus séquano-dionysiens craignent que cette réforme laisse des stigmates au sein de la population locale. Ce "territoire populaire et département le plus pauvre de France métropolitaine paiera le prix fort de cette réforme", s'alarment-ils.

Au cœur des préoccupations, figurent d'une part les "caissières, infirmières, auxiliaires de vie, livreurs ou encore manutentionnaires". "Hier nous les applaudissions, demain ils devront partir plus tard à la retraite, fustigent les signataires. Rappelons que l’écart d’espérance de vie entre un cadre et un ouvrier est de 7 ans et qu’à 62 ans, 25% des plus pauvres sont déjà mort.e.s."

Et d'autre part, "cette réforme donne un signal très négatif à une jeunesse déjà malmenée et en difficulté pour s’insérer correctement sur le marché du travail".

"D'autres solutions existent"

De l'avis des élus, "notre système de retraites n'est pas au bord de la faillite", contrairement à ce que claironnent les macronistes et la droite. "Il est même aujourd’hui excédentaire", assurent-ils.

Ces derniers estiment par ailleurs que "d’autres solutions existent pour financer les très légers déficits prévus hypothétiquement dans les prochaines années", sans en dire davantage. Améliorer l'accès à l'emploi des seniors, augmenter les cotisations, mettre davantage à contribution les entreprises... voilà quelques-unes des solutions mises en débat par les syndicats. Sans parvenir à attirer l'oreille du gouvernement.

Le texte de réforme sera présenté en Conseil des ministres le 23 janvier. Attendu dans la foulée à l'Assemblée nationale, il prendra la forme d'un projet de loi de finances rectificative de la sécurité sociale. Un choix pointé du doigt par l'opposition, qui permettra au gouvernement, s'il le souhaite, de faire usage d'un nouveau 49-3 pour écourter les débats si nécessaire.

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions