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Crack à Paris: les associations dénoncent le "nettoyage" du camp de la porte de la Villette, "un coup de com'"

Plusieurs dizaines d'habitants ont manifesté lundi soir, quelques heures après l'opération des autorités pour détruire les cabanes installées dans ce campement et nettoyer les lieux.

"Rien ne changera". Après l'opération de "nettoyage" du campement de consommateurs et de dealers de crack qui s'est déroulée ce lundi matin porte de la Villette à Paris, les associations dénoncent une énième action des pouvoirs publics qui ne répond pas véritablement au problème.

"Nous ce qu'on demande aujourd'hui, c'est des solutions pérennes de médiation, de prévention, d'insertion et de réinsertion et de sevrage de ces personnes-là. Mais surtout et avant tout la sécurité", explique Tarak Sassi, membre du collectif Paris anti-crack au micro de BFM Paris. Il regrette "quarante ans de mauvaise gestion de la crise de stupéfiants".

"Coups de com'"

L'opération de ce lundi matin avait pour objectif de détruire les cabanes installées sur le campement et de nettoyer les lieux. Une opération de "nettoyage" donc et non de "mise à l'abri", qui consiste à diriger les toxicomanes vers des structures d'accueil.

"C'est encore une mesure qui a été réfléchie sans mesurer les conséquences. La violence avec laquelle ça a été fait ça va engendrer encore plus de tensions sur le terrain. (...) Ils (les toxicomanes, ndlr) vont se battre pour une couverture, pour un gilet. Imaginez ce matin, pendant deux heures, ils ont vu (être détruit, ndlr) tout ce qu'ils se sont construit comme confort pendant quatre mois", déplore Stéphanie, habitante d'Aubervilliers.

Stéphanie demande l'arrêt de ces "mesurettes", de ces "coups de com'". De son côté, Tarak Sassi dénonce une opération qui s'assimile à "du bruit" et affirme que "les gens savent très bien que rien ne changera". Un point sur lequel le rejoint Mohamed, membre du collectif 93 anti-crack, qui au micro de BFM Paris explique que la situation "ne changera pas tant que ces crackeurs, ces dealers resteront là".

"Soignez-les, protégez-nous"

Ce lundi soir, plusieurs dizaines de riverains se sont réunis du côté de Pantin, près du "mur de la honte" construit pour empêcher la circulation et le stationnement des personnes dans le tunnel du passage Forceval, situé sous le périphérique. "Soignez-les, protégez-nous", pouvait-on lire sur une banderole.

Le 24 septembre dernier, une centaine de toxicomanes vivant dans les secteurs des jardins d'Eole et de Stalingrad ont été évacués porte de la Villette. Cette solution avait été présentée comme "temporaire" par la préfecture de police. Depuis, riverains et élus se mobilisent pour demander une intervention de l'Etat face à la dégradation de la situation.

Narjisse Hadji et Marine Langlois