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Crack à Paris: des associations veulent faire annuler l'interdiction de regroupement de consommateurs

Des consommateurs de crack dans le 18e arrondissement de Paris.

Des consommateurs de crack dans le 18e arrondissement de Paris. - BFMTV

Les associations dénoncent un arrêté qui rend plus difficile leur travail et qui est une "atteinte grave et manifestement illégale au droit fondamental à la protection de la santé et au droit à la vie".

Plusieurs associations spécialisées dans l'addictologie ont déposé ce jeudi 14 mars des recours pour faire annuler l'arrêté du préfet de police interdisant les regroupements de consommateurs de crack dans la capitale et en Seine-Saint-Denis, estimant que cela entrave leur travail.

Cet arrêté, reconduit chaque mois depuis avril 2023, est "une atteinte grave et manifestement illégale au droit fondamental à la protection de la santé et au droit à la vie", contre laquelle les associations Oppelia, SAFE, Addictions France, Gaïa et Fédération addiction ont déposé devant le tribunal administratif de Paris un recours en urgence et un recours pour excès de pouvoir, ont-elles indiqué lors d'une conférence de presse.

Il s'agit d'"une tentative 'd'invisibilisation' (...) qui ne peut pas ne pas être mise en relation avec l'accueil prochain des Jeux olympiques", accusent ces associations dans le document transmis à la justice et dont l'AFP a obtenu une copie.

Un accès aux soins demandé

Dans ce contexte, ces acteurs médico-sociaux constatent une dégradation de leurs conditions de travail, car ils ont de plus en plus de mal à avoir accès à la population ciblée en raison de leur dispersion.

Oppelia Charonne, la structure parisienne d'Oppelia, a relevé notamment quatre décès entre septembre et décembre 2023 qui "auraient peut-être pu être évités s'il y avait eu un meilleur accompagnement", a estimé son directeur Abdou N'Diaye.

Le "nerf de la guerre" dans la lutte contre le crack, "c'est l'accès aux soins", a martelé Jean-Pierre Couteron, le président d'Oppelia.

"On comprend bien le contexte, faire en sorte que Paris soit lisse et propre pour les Jeux olympiques, mais là on touche des choses qui méritent prudence", a jugé Bernard Basset, président d'Addiction France.

Les responsables associatifs ont demandé plus de concertation avec les autorités, estimant que cette politique répressive à court terme n'était pas la solution.

Une réunion prévue le 22 mars

"La problématique du crack à Paris vient toucher énormément de facteurs. Il est nécessaire qu'on puisse avoir des espaces pour en discuter, pour en faire un projet commun, pour confronter les points de vue mais surtout pour trouver des solutions ensemble", a insisté Naïra Meliava, directrice générale d'Oppelia.

Associations, ville de Paris, préfectures de police et de région Île-de-France, ainsi que l'agence régionale de santé se réunissent régulièrement sur le sujet. La prochaine réunion aura lieu le 22 mars.

L'éradication du crack à Paris, un dérivé fumable et très addictif de la cocaïne, est l'une des priorités du préfet de police Laurent Nuñez depuis sa nomination en juillet 2022.

JMA avec AFP