BFM Normandie
Normandie

Ce que l'on sait de l'incendie dans un bâtiment de Bolloré Logistics à Grand-Couronne

Des flammes de l'incendie qui s'est déclaré dans un bâtiment industriel loué par Bolloré Logistics à Grand-Couronne, au sud du Rouen, le 16 janvier 2023.

Des flammes de l'incendie qui s'est déclaré dans un bâtiment industriel loué par Bolloré Logistics à Grand-Couronne, au sud du Rouen, le 16 janvier 2023. - AFP

Un important incendie s'est déclaré dans un bâtiment industriel loué par Bolloré Logistics contenant quelque 8000 batteries au lithium, situé à Grand-Couronne, au sud du Rouen.

Un immense panache de fumée et plus d'une centaine de pompiers mobilisée. Un important incendie s'est déclaré ce lundi vers 16h30 dans un bâtiment de l'entreprise Bolloré Logistics à Grand-Couronne, près de Rouen, ravivant pour des milliers d'habitants les souvenirs de l'incendie de Lubrizol, en septembre 2019.

• Des batteries au lithium et des milliers de pneus

Le feu s'est déclaré dans l'une des parties du bâtiment qui contenait 12.000 batteries automobiles au lithium. Il s'est ensuite propagé à une autre cellule du groupe Districash, d'une même taille de 6000 m², contenant environ 70.000 pneus.

Dans la nuit, vers 3h30, une troisième partie de l'entrepôt, renfermant principalement des palettes et des textiles, a également été touchée. Ce sinistre a été circonscrit vers 6 heures.

L'incendie a entraîné l'effondrement des deux premières celulles ce qui a diminué "l'intensité de l'incendie", a expliqué le préfet de la Seine-Maritime, Pierre-André Durand, lors d'un point presse en fin de soirée.

• Près de 140 pompiers

Au plus fort de l'intervention, 137 pompiers ont été mobilisés, aidés par 60 véhicules et "des remorqueurs qui pompent de l'eau pour éteindre les batteries automobiles et un apport en mousse pour éteindre les pneus". Des renforts sont notamment venus du département voisin de l'Eure.

À la mi-journée, l'incendie était "en voie d'extinction", a précisé le préfet de la Seine-Maritime sur BFM Normandie. Des opérations de "refroidissement" de certains points sont encore menées par les pompiers.

• "Aucun risque" selon les autorités

Très rapidement, le préfet a indiqué qu'il n'y avait "aucun risque pour la population" après des analyses de l'air menées dès le déploiement des pompiers sur les lieux de l'incendie. Il a ajouté que "tous les résultats" d'analyses allaient être publiés et de nouveaux prélèvements seront menés, dans un second temps, dans l'environnement.

"Dès le début du sinistre, nous avons indiqué que les résultats des mesures ne justifiaient pas de mesures de confinement et d'évacuation", a rappelé Pierre-André Durand sur BFM Normandie qui a précisé que "plusieurs dizaines de prélèvements" ont été réalisés.

Le colonel Remy Weclawiak, directeur départemental adjoint du Sdis de la Seine-Maritime, affirme, lui, que "les fumées sont parties très haut dans le ciel, il y a une bonne dispersion et les relevés à proximité du site et un peu à l'extérieur n'ont pas permis de trouver de monoxyde de carbone, d'acide chlorhydrique ou cyanhydrique, les taux sont à zéro".

Seul un "danger" pour les sapeurs-pompiers a été reconnu par le préfet lors de la combustion du lithium qui "peut dégager un acide particulier", l'acide fluorhydrique qui n'a pas été détecté lors des relevés.

• Pas d'alerte déclenchée

Face à l'absence de risque, selon le préfet de la Seine-Maritime, lors de l'incendie, il n'y a pas eu de déclenchement des sirènes autour du site, ni dans l'agglomération rouennaise. Le système FR-Alert de cell broadcast n'a pas été, non plus, activé.

"Le site qui a brûlé est un site soumis à autorisation et non pas classé Seveso, contrairement à Lubrizol", a rappelé sur BFM Normandie, Charlotte Goujon, vice-présidente de la Métropole de Rouen en charge des risques industriels.

"J'ai été étonné de ne pas entendre les sirènes pour nous dire de nous confiner", réagit un riverain qui a vu l'incendie depuis chez lui. "J'ai entendu que ça n'était pas Seveso et qu'il n'y avait pas de soucis", affirme une autre habitante qui ne se dit pas inquiète.

En revanche un dispositif d'information par SMS a été mis en place dès la fin d'après-midi, a indiqué sur Twitter le maire de Rouen et président de la Métropole.

• Une enquête en cours, le site fermé

Les causes de l'incendie sont inconnues à ce stade. Le procureur de la République de Rouen a annoncé l'ouverture d'une enquête "afin de déterminer les causes de l'accident et de savoir si l'incendie était volontaire ou non".

En attendant, l'activité est suspendue sur le site. "Pour le moment, j'ai pris un arrêt de mesure d'urgence pour interdire tout usage de ce site", souligne le préfet. L'activité partielle devrait être déclenchée dans les prochains jours pour les salariés concernés.

• Le souvenir de Lubrizol

Toutefois, les inquiétudes sont nombreuses, plus de trois ans après l'incendie de l'usine Lubrizol où 10.000 tonnes de produits chimiques étaient parties en fumée. Bien que le site de Bolloré Logistics ne soit pas classé Seveso, Paul Poulain, spécialiste des risques et impacts industriels, alertait en milieu de soirée au micro de BFMTV.

"Ce qui brûle, les batteries au lithium, c'est extrêmement toxique", rappelait-il, craignant "de multiples effets sur la santé."

La députée LFI de la 4e circonscription de la Seine-Maritime, Alma Dufour, a de son côté demandé dans un communiqué, "la mise en place d’un suivi médical pour l’ensemble des personnes exposées aux fumées et la réalisation de prélèvements conservatoires, ainsi que la mise sous tutelle du site."

De son côté, Christophe Holleville, porte-parole de l'Union des victimes de Lubrizol, pointe du doigt la réaction des autorités après cet incendie. "Non, inhaler un incendie tel que celui-ci n'est forcément pas génial pour la santé", s'agace-t-il auprès de BFM Normandie. Pour Christophe Holleville, qui milite depuis trois ans pour un meilleur contrôle des sites industriels, "la population sera en droit, une fois de plus, de se poser des questions".

Il rappelle les multiples incidents qui ont touché des entreprises depuis l'incendie de Lubrizol en septembre 2019. "Tout incendie est un incendie de trop", a reconnu le préfet de la Seine-Maritime ajoutant que le site de Bolloré avait fait l'objet d'un contrôle en 2019.

Ariel Guez et Amaury Tremblay