BFM Normandie
Normandie

"Ouvrir la porte à d'autres femmes": veuves, deux Normandes se battent pour obtenir une PMA post-mortem

Deux Normandes se battent pour continuer leurs parcours PMA respectifs après la mort de leurs conjoints, en juin et décembre dernier, alors que la loi interdit d'avoir recours à une PMA post-mortem.

Elles ne se connaissaient pas mais mènent le même combat. Deux Normandes, Mélanie et Charlotte, se battent pour obtenir le droit de réaliser une PMA, après la mort de leurs maris. Une procédure qu'elles avaient chacune entamée de leur vivant mais qui aujourd'hui est bloquée car la loi française interdit d'avoir recours à une PMA post-mortem.

"Nous avons entamé une procédure de PMA il y a six ans", raconte Mélanie Regnier, déjà maman d'un petit garçon. "C'est très long. On a réussi à avoir Jacinto au bout de presque 5 ans."

"On avait obtenu cinq embryons en tout. Il y en avait quatre congelés. Le 18 juin 2023, c'était prévu qu'une infirmière vienne quotidiennement me faire des piqûres", poursuit-elle au micro de BFM Normandie.

Des visites médicales qui n'ont jamais eu lieu. Son conjoint a perdu la vie le 18 juin, aux alentours d'1h30 du matin.

Dès lors, le processus de PMA a dû être avorté par les médecins, comme le dicte la loi. Néanmoins, en France, les embryons congelés peuvent être conservés pendant un an. Mélanie a donc appris qu'elle devait prendre une décision entre les détruire ou bien en faire don à un autre couple ou à la science.

Une situation incompréhensible pour Mélanie. "Une femme seule peut avoir un enfant d'un donneur anonyme. Nous, cet enfant-là était voulu."

Ouvrir la porte à d'autres femmes

Charlotte partage une expérience de vie similaire. La Normande a perdu son mari en décembre dernier, d'un cancer. Après avoir échangé sur les réseaux sociaux de leur expérience similaire, les deux Calvadosiennes se sont rencontrées et lancent aujourd'hui une procédure judiciaire pour tenter de faire bouger la législation.

"J'ai récolté des attestations de mes proches et des médecins comme quoi mon mari accepterait que j'utilise ces embryons même après son décès", détaille Charlotte Ngoma.

"J'ai un dossier à compléter pour l'exportation des embryons dans un pays étranger. Bien que cela soit interdit, il faut quand même faire cette procédure pour avoir un 'non'", déplore-t-elle le cœur lourd.

"Je me dis que même si moi finalement j'ai plus l'âge d'avoir cette PMA, puisque c'est jusqu'à 42 ans et sachant que c'est des années de procédure, je me dis que ça ouvrira la porte à d'autres femmes, et qu'elles n'auront pas à subir ça."

Les deux femmes multiplient les prises de parole sur le sujet, notamment sur les réseaux sociaux. "Je ne suis pas du tout prête à subir un deuxième deuil", écrit Mélanie sur son compte Facebook. Elles ont lancé chacune une pétition en ligne pour recueillir un maximum de soutien et voir peut-être enfin la loi changer.

Célia Ngatsongo, avec Juliette Moreau Alvarez