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"Mes enfants ont pleuré": victime de menaces et d'insultes, le maire de Villers-sur-Mer s'explique sur sa démission

Thierry Granturco avait annoncé sa démission mardi 26 mars. Accusé de harcèlement moral, l'édile déplore les menaces et les insultes dont il fait l'objet.

"Quand vous arrivez à ce niveau de détresse dans votre famille, il faut arrêter." Dans son bureau qu'il quittera bientôt, Thierry Granturco, le maire de Villers-sur-Mer (Calvados), est résigné. Au micro de BFM Normandie, l'édile revient sur sa décision - officialisée mardi 26 mars - de démissionner.

"Ma décision a été prise parce que à un moment, j''ai été au restaurant, et mes enfants se sont mis à pleurer. Ce sont pourtant des adultes", raconte-t-il.

Dans un communiqué publié mardi, l'élu explique également avoir été insulté, menacé et même avoir porté plainte pour ces faits.

"Je n’ai jamais pensé qu’on s’en prendrait à mon chien, qui a eu la patte fracassée par un inconnu, à ma maison, à mes voitures, qu’on glisserait régulièrement dans vos boîtes aux lettres des invectives à mon encontre et à celles de mes fils…", ajoute-t-il.

L'élu visé par dix plaintes pour harcèlement moral

Depuis le début de son mandat, Thierry Granturco a fait l'objet de dix plaintes pour harcèlement moral de la part d'élus et de membres du personnel communal. "Cette violence verbale à notre encontre est purement inadmissible", dénonçait une lettre ouverte datant du 15 décembre 2023.

En novembre, l'élu a été placé en garde à vue sans être mis en examen. Lorsqu'il évoque cet épisode judiciaire, il nie toutes les allégations et préfère mettre en avant des "désaccords".

"Les plaintes s'émoussent. Progressivement, elles disparaissent et sont classées sans suite", écarte-t-il.

"Il y a des dissensions au conseil municipal, l'opposition est virulente et la majorité est elle-même divisée en deux camps. Cela crée parfois des échanges compliqués", résume Thierry Granturco.

Les maires en première ligne contre les incivilités

Dans la commune, les habitants sont quant à eux partagés face à cette situation. "C'est quelqu'un qui faisait très bien son métier jusqu'à présent. Selon moi, il était très présent en ville", avance Pascal, retraité.

Le sentiment inverse prédomine chez Jean-Claude, lui aussi retraité. "Sa démission ne me peine pas. Il ne pensait qu'à lui et ne respectait personne. Il parlait mal à certains conseillers", juge-t-il.

"Je pense qu'on aurait pu humainement gérer les problèmes différemment et autrement qu'en arrivant à des situations extrêmes", pondère Thierry, restaurateur.

La démission de Thierry Granturco sera effective à partir du 30 juin, pour permettre à l'équipe municipale de s'organiser et d'élire un nouveau maire. Après cette date, il reprendra son métier d'avocat.

Selon une enquête du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), publiée dans Le Monde en novembre dernier, 69% des maires déclarent avoir déjà été victimes d'incivilités et 39% avoir subi injures et insultes.

Robin Dussenne avec Milan Busignies