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Lisieux: après la mort d'un principal, le syndicat des chefs d'établissements scolaires appelle à revoir les protocoles

Une voiture de police devant le collège Pierre-Simon de Laplace dont le principal a été retrouvé mort dans des conditions suspectes, le 12 août 2023 à Lisieux dans le Calvados.

Une voiture de police devant le collège Pierre-Simon de Laplace dont le principal a été retrouvé mort dans des conditions suspectes, le 12 août 2023 à Lisieux dans le Calvados. - LOU BENOIST / AFP

Le corps de Stéphane Vitel a été retrouvé sans vie, sur le sol de son établissement, le 11 août. Il avait été notifié qu'une intrusion venait d'y avoir lieu.

Élèves et parents, employés et professeurs du collège Pierre-Simon de Laplace, personnalités politiques, et notamment Gabriel Attal, le ministre de l'Éducation... Par centaines, ils ont pris place sur les bancs en bois de la cathédrale Saint-Pierre de Lisieux (Calvados) jeudi dernier. Tous ont fait le déplacement, parfois de loin, pour assister aux obsèques de Stéphane Vitel.

L'homme de 48 ans a été retrouvé inanimé sur le sol de cet établissement, dont il était le principal, le 11 août au petit matin. Alors qu'il s'apprêtait à partir en vacances en famille, l'alarme anti-intrusion du collège s'est déclenchée. Prévenu par une notification, Stéphane Vitel s'est résolu à se rendre sur les lieux pour procéder à une levée de doute. Il n'en est jamais ressorti.

La mort de Stéphane Vitel a été qualifiée de "suspecte" par le parquet de Lisieux. Les analyses menées par la médecine légale n'ont toutefois pas pu trancher sur la question de l'implication d'un tiers.

Deux jeunes hommes mis en examen

Deux jeunes hommes, âgés de 17 et 19 ans, ont reconnu avoir fracassé la porte d'entrée de l'établissement. S'ils ont été mis en examen pour "intrusion dans l'enceinte d'un établissement scolaire" et "infraction de dégradations en réunion de biens d'utilité publique", l'étude des images de vidéosurveillance a permis d'acter qu'ils avaient quitté les lieux avant l'arrivée de Stéphane Vitel.

Plus de deux semaines sont passées depuis la mort du principal. Mais à la lumière de ces événements, et qu'elles que soient les causes exactes de la mort du principal du collège Pierre-Simon de Laplace, le syndicat des chefs d'établissements scolaires juge urgente une refonte des protocoles d'intervention en cas d'incident dans les collèges et les lycées.

Aujourd'hui, la levée de doute peut être effectuée par téléphone, par le biais d'une caméra de vidéosurveillance, d'un interphone ou par une intervention sur site, la solution choisie par Stéphane Vitel.

"Délenchements intempestifs"

"Les systèmes d'alarme connaissent souvent des déclenchements intempestifs. Donc la levée de doute se fait souvent par une intervention des personnels des établissements, pointe Igor Garncarzyk, secrétaire général du syndicat des personnels de direction de l'Éducation nationale et principal du collège Jacques-Monod, à Caen, auprès de France Bleu Normandie.

"Ce n'est pas sécurisant pour nous, c'est une lourde responsabilité. Il y a un risque de mauvaise rencontre", prolonge-t-il.

Pour Igor Garncarzyk, ces interventions devraient incomber à des "personnels dédiés à ces tâches". Le principal s'étonne du "flou" qui entoure "ce qui relève de la fonction des personnels de direction".

Un rendez-vous avec la rectrice mardi

Ces "personnels dédiés" pourraient provenir de sociétés de sécurité privées, avance-t-il. "Le privé n'est pas une solution unique", tient-il toutefois à nuancer auprès de France Bleu, appelant à identifier des solutions propres aux différents territoires.

Igor Garncarzyk ne blâme en tout cas pas les forces de l'ordre. "C’est plutôt une question de moyens dédiés à la sécurité sur le territoire", globalise-t-il, plutôt que de "volonté".

Le principal du collège Jacques-Monod aura le loisir d'exposer ses idées à la rectrice d'académie ce mardi, indique France Bleu. Avant, espère-t-il, de pouvoir convaincre les acteurs politiques du bien-fondé de sa demande.

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions