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Dieppe: un médecin, accusé de délivrer trop d'arrêts maladies, placé sous surveillance

Des outils de médecins pris en photo le 15 juin 2023 (illustration)

Des outils de médecins pris en photo le 15 juin 2023 (illustration) - Charly TRIBALLEAU / AFP

Avec un nombre d'arrêts maladies signés trois fois supérieur à ses confrères, le docteur a été épinglé par l'Assurance maladie.

Cela fait maintenant plus de trente ans que le docteur Tribillac, 69 ans, exerce dans son cabinet du Val-Druel à Dieppe. Au fil des années, il a vu l'évolution de la classe populaire qui y vit. "Trop de monde voit la couche populaire comme une couche paresseuse, qui ne travaille pas" souffle-t-il à nos confrères de France Bleu.

Une classe populaire qu'il défend en hésitant pas à signer des arrêts de travail quand il le juge nécessaire. S'il affiche un taux d'arrêts signés trois fois plus élevé que ces confrères, c'est selon lui simplement en raison de la population qui l'entoure.

Pour lui, ces quartiers sont ceux "où l'on tombe malade plus souvent, plus tôt dans la vie, où l'on exerce des métiers difficiles, plus longtemps, avec des contrats parfois précaires, où l'on a peur de s'arrêter de bosser. Il y a aussi des raisons spécifiques à Dieppe, je pourrais citer le travail à la coquille, rémunéré au poids."

20% d'arrêts en moins

C'est pourquoi la Caisse d'Assurance-Maladie lui a intimé de descendre de 20% son nombre d'arrêts. Pour le docteur Tribillac: "C'est de l'injustice et de la méconnaissance."

C'est pourquoi il a refusé de se plier aux ordres de la CPAM de Seine-Maritime. Il a donc été placé sous surveillance. Désormais, chacun de ses arrêts est contrôlé par l'organisme.

Il dénonce notamment le référentiel pratiqué par l'assurance-maladie, une échelle qui catégorise les gens selon leur revenue et la tolérance sur les arrêts-maladies. Une pratique sur laquelle le docteur Tribillac a un avis tranché: "C'est une saloperie indigne."

De son côté, il assume totalement d'être un médecin connu pour arrêter les gens: "En somme, je suis le vilain médecin, qui aide des fainéants qui ne veulent pas bosser, en creusant le trou de la Sécu".

Une pétition lancée après son refus

Mais le docteur Tribillac ne s'arrête pas là puisque dans certains cas, il lui arrive d'avancer directement de l'argent à ses patients.

"C'est le seul moyen que j'ai trouvé pour qu'ils n'aient pas cette crainte-là en plus quand je les arrête. J'ai des réserves et je ne suis pas trop près de mes sous, tant pis", explique le médecin.

Il a aussi lancé une pétition en ligne adressée à la CPAM pour de meilleures indemnités maladies dans les quartiers populaires qui a recueilli un peu plus de 800 signatures à ce jour.

Louis de Kergorlay