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Courcelles-sur-Seine: un médecin de 74 ans, voulant reprendre du service, forcé de rester à la retraite

Le Conseil de l'ordre s'est opposé à son retour, suscitant l'incompréhension du médecin généraliste normand, alors que son secteur fait face à un manque de praticiens.

Aujourd'hui installé à Courcelles-sur-Seine (Eure), le docteur Bernard Smaja a exercé son métier de médecin généraliste pendant 40 ans. Âgé de 74 ans, il est à la retraite depuis sept ans mais souhaite reprendre des consultations à temps partiel, alors que l'Eure est l'un des plus importants déserts médicaux de France.

Le docteur Smaja a soumis cette requête au conseil de l'Ordre qui a décidé de refuser sa demande après l'avoir auditionné. Une décision que ne comprend pas le retraité.

"Dans sa lettre, le Conseil de l'ordre m'informe que je ne suis pas apte à reprendre mon activité médical", lit-il auprès de BFM Normandie, la lettre dans les mains.

Une audition du Conseil de l'ordre

L'audition du Conseil de l'ordre se déroule en mai dernier. Deux professionnels sont chargés d'évaluer sa connaissance de certains médicaments et sa manière de traiter des infections courantes.

"Ils m'ont proposé une ordonnance de 13 médicaments. Sur cette ordonnance je ne connaissais pas cinq médicaments génériques (...) Je vois pas l'intérêt de me piéger sur ce genre de question. Il y a aucune molécule nouvelle en médecine de ville qui a révolutionné la médecine pratique", assure l'ex praticien.

Un mois après l'audition, la décision tombe: Bernard Smaja est jugé inapte à reprendre son métier. Dans un courrier, le conseil de l'Ordre reproche au médecin retraité de ne pas avoir continué à se former, conformément au code déontologie professionnelle.

L'article R.4127.11 du code de santé publique stipule que "tout médecin entretient et perfectionne ses connaissances dans le respect de son obligation de développement professionnel".

Une formation proposée

Pour pouvoir reprendre ses consultations, le conseil de l'Ordre a indiqué au médecin qu'il devait , au préalable, respecter un long processus. "Ils m'ont demandé de faire une formation continue pendant un an et de suivre un stage chez un médecin pendant un an. Après j'arrive à 77-78 ans, je ne vais pas me remettre dans des études pour apprendre à soigner une angine ou une bronchite", regrette Bernard Smaja.

Ce dernier juge le système actuel incohérent, alors que dans un contexte national de tensions sur le personnel médical, les "politiques appellent à ce que les médecins retraités puissent reprendre une activité".

Malgré la menace de perdre la couverture de sa caisse de retraite, Bernard Smaja compte bien continuer à consulter bénévolement les patients de sa commune.

Tristan Rickli avec Gauthier Hartmann