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Armada de Rouen: une folle idée devenue un rendez-vous incontournable

Armada de Rouen

Armada de Rouen - CHARLY TRIBALLEAU / AFP

L'Armada est le rendez-vous immanquable des amoureux de vieux voiliers. Voici comment l'idée folle d'un élu rouennais s'est inscrit dans le temps.

L’Armada, c’est l’histoire de quais rouennais abandonnés. Au début des années 1980, Jean Lecanuet, alors maire de Rouen, recherche une idée pour redynamiser le site. Son adjoint, Patrick Herr, lui soumet l’idée d’organiser une régate entre Rouen et New York pour fêter le centenaire de la statue de la Liberté en 1986.

Défilé à l'américaine et régate

Les bateaux attireront forcément la foule, pense Patrick Heer. L’idée n'emballe guère le maire, mais l’adjoint persévère. L’élu a une idée bien précise en tête. Outre les bateaux, Patrick Herr s’imagine une course d’objets flottants non identifiés -la Grande Pagaille- ainsi qu’un grand défilé à l’américaine dans les rues rouennaises avec majorettes et décapotables.

Jean Lecanuet suit son adjoint. Huit multicoques sont au départ de la Course des Liberté. Pour les encourager, un public venu nombreux sur les quais vieillots ainsi que dans les rues et sur les berges rouennaises.

Armada 2023
Armada 2023 © L'Armada de la liberté

Après 14 jours de navigation, le catamaran de 23 mètres Roger et Gallet, avec pour skipper Eric Loizeau et Patrick Tabarly, remporte la course. C’est ainsi qu’est née l’histoire des Voiles de la Liberté.

Les voiliers se visitent à partir de 1989

En 1989, 21 grands voiliers participent à la première édition des Voiles de la liberté, petite sœur de l’Armada. Les organisateurs abandonnent la régate. Désormais, les voiliers se visitent le long des quais.

Après plusieurs jours de fête, la foule se presse le long de la Seine pour assister au départ des vieux gréements. Le succès est une nouvelle fois au rendez-vous. L’Armada devient une tradition, un rendez-vous à ne surtout pas manquer pour les amoureux des vieux gréements.

L’histoire du rassemblement de gros bateaux s’accélère en 1994. Pour cette deuxième édition, 42 millions de francs (soit 6,5 millions d’euros) sont débloqués. Un nom et un nouveau logo sont trouvés. Des concerts gratuits sont organisés. Le long des quais, les navires militaires ainsi qu’un porte-hélicoptères et deux sous-marins français, s’invitent auprès des voiliers civils.

Les éditions de 1999 et 2003 sont couronnées de succès. En 1999, les marins du Simon Bolivar et du Cuauhtemoc grimpent dans les vergues pour saluer une dernière fois les visiteurs. Une démonstration désormais attendue à chacune des Grandes Parades.

Un mariage entre terre et mer

En 2008, le rendez-vous des plus grands voiliers du monde adopte son nom définitif: l’Armada. Les concerts sont des rendez-vous à ne surtout pas manquer avec des grands noms comme Iggy Popp qui rassemble 70.000 spectateurs au musoir ou encore Alain Bashung et Cali, pour ne citer qu’eux.

En 2013, un vent d’amour souffle sur les quais de Seine et la quarantaine de bateaux présents. Kelly, une jeune rouennaise, épouse un marin du Cuauhtemoc, grand voilier sous pavillon mexicain. Les deux amoureux s’étaient rencontrés sur ces mêmes quais en 2008 lors de la précédente édition de l’Armada.

En 2019, les chiffres s’affolent. Cette édition de l’Armada, c’est 7000 marins, 46 navires, 3300 visiteurs par jour sur l’Hermione, un record pour le navire, et pas moins de 1188 coureurs au footing des marins. Mais l’Armada, c’est aussi un rendez-vous incontournable porté par une incroyable équipe de bénévoles. Ils étaient 480 en 2019.

L’histoire de la 8e édition de l’Armada, qui se tiendra du 8 au 18 juin, reste à écrire. Mais elle sera, à n’en pas douter, aussi riche et belle.

Charlotte Lesage