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Violent orage à Beauvais: la PDG de Météo France explique pourquoi aucune alerte n'a été lancée

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Virginie Schwarz était l'invitée de BFMTV ce mercredi. Alors que la maire de Beauvais a regretté de ne pas avoir été prévenue de la survenue d'une catastrophe dans sa ville, la PDG de Météo France a expliqué pourquoi le dispositif n'avait pas transmis d'alerte avant le violent orage.

Des inondations jusqu'au sein de l'hôtel de ville et de l'hôpital, de nombreux dégâts matériels, des routes endommagées et surtout, la mort d'un jeune homme de 17 ans. Le corps du jeune homme recherché depuis sa disparition lundi soir a en effet été retrouvé ce mercredi, à une cinquantaine de mètres de son point de chute dans la rivière qui l'a emporté.

Le bilan des pluies torrentielles qui ont déferlé lundi soir sur Beauvais, principalement entre 22h et 23h, est effroyable. Mardi, au lendemain du drame, la maire de la préfecture de l'Oise, Caroline Cayeux, a d'ailleurs "regretté" de ne pas avoir été avertie de l'arrivée d'un tel orage au-dessus de sa commune.

Ce mercredi, Virginie Schwartz, présidente-directrice-générale de Météo France, a expliqué sur BFMTV qu'il ne s'agissait pas d'un dysfonctionnement mais d'un problème de visibilité limitant l'efficacité d'un système performant mais bien sûr perfectible.

"Le dispositif de la vigilance est un dispositif départemental, fonctionnant par seuil dans les départements. Le classement dépend de l’intensité des phénomènes mais aussi de leur étendue géographique", a-t-elle expliqué. "Là on est sur des phénomènes d’orage très, très localisés".

Elle a toutefois concédé: "Ceci dit, ce sont des phénomènes avec des impacts forts, malheureusement dans certains cas des disparitions (elle s'exprimait avant la découverte de la dépouille de la victime, NDLR), donc nous partageons l’émotion des habitants et de la ville de Beauvais."

"On ne sait pas tout prévoir"

Après avoir souligné que ce genre d'événements, classés ou non, donnait toujours lieu à "un retour d'expérience", Virginie Schwartz a ajouté: "Les orages sont des événements très difficiles à prévoir et dans leur localisation et leur intensité précises. On fait beaucoup de progrès. On estime qu’on gagne un jour de fiabilité tous les dix ans." "Nos modèles sont reconnus comme étant les meilleurs mondiaux mais on ne sait pas tout prévoir", a-t-elle admis.

Il s'agit aussi de rester audible pour Météo France. "L’autre élément c’est cette question de l’étendue géographique qui renvoie à l’utilité de la vigilance. Pour qu’un outil de vigilance soit utile, il faut qu’il ne soit pas activé en permanence. Si on avait en permanence tous les départements de France en orange on perdrait l’utilité pour alerter donc on cherche des compromis entre alerter à chaque fois que c’est utile, sur le bon périmètre géographique, et éviter un effet d’usure", a ainsi précisé sa PDG.

"Remise en cause permanente"

Virginie Schwartz a d'ailleurs assuré que Météo France n'avait pas peur du changement dans le but d'améliorer sa vigie: "La vigilance se remet en question régulièrement et évolue sans arrêt." Elle a cité notamment la possibilité désormais offerte aux usagers d'obtenir automatiquement les notifications d'alerte dans son département via l'application Météo France et l'accessibilité nouvelle du dispositif APIC, pour "Avertissement pluies intenses à l'échelle des communes", pour le grand public via le site internet.

Une bataille de l'innovation et de l'information qui compte d'autant plus que le dérèglement climatique pèse de tout son poids et que celui-ci s'avère de plus en plus étouffant.

"Le changement climatique transforme notre climat, on le voit déjà. Trois fois plus de vagues de chaleur ces 35 dernières années que les 35 précédentes. 20% de pluies extrêmes en plus depuis les années 1960. Cet impact du changement climatique va s’accentuer", a illustré Virginie Schwartz.
Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV