Une dépression subtropicale dans le Golfe de Gascogne: "Un phénomène inédit"
Un coeur chaud à activité convective, c'est-à-dire avec de l'air qui se déplace verticalement. Mais surtout - image inédite à cet endroit - un oeil qui s'enroule tel celui d'un cyclone. La tempête Stéphanie, une dépression qui s'est formée cette semaine au-dessus de l'Atlantique, dans le Golfe de Gascogne, présente des caractéristiques faisant penser aux dépressions qui se forment habituellement sous les tropiques.
Un phénomène que les météorologues qualifient de "Tropical like cyclone" (la terminologie sert à désigner les systèmes dépressionnaires qui ne répondent pas au sens strict aux critères qui définissent les cyclones tropicaux), jamais observé près de la côte atlantique française.
"Spectaculaire" et "inédit"
Selon Keraunos, l'Observatoire français des tornades et des orages violents, le creusement dépressionnaire a débuté mardi sur l'ouest de la France. Et ce jeudi, la dépression se rapprochait des côtes françaises.
"On voit l’oeil se creuser, ça tourne comme un cyclone. C'est spectaculaire", note Fanny Agostini, spécialiste Météo de BFMTV. "Chose complètement inédite, elle présente des caractéristiques comme on le retrouve sous les tropiques, avec un cœur chaud et beaucoup de précipitations associées. Voilà ce qui explique les intempéries qu’il y a eu successivement dans l’ouest puis le sud-ouest de la France."
Interaction entre l’air chaud en mer et l’air froid en altitude
On voit parfois ce type de dépressions survenir en Méditerranée, où la mer est plus chaude. Et plutôt en fin d’été ou début d'automne. On en a également déjà observé du côté des Açores et du Portugal, mais c'est la première fois qu'on le voit près de la côte atlantique française.
À l’origine, une anomalie de températures, explique François Gourand, prévisionniste chez Météo France. "La dépression se produit avec l’interaction entre de l’air froid en altitude et de l’air chaud en surface. Au départ, elle se forme comme une dépression classique, comme celles que l’on voit habituellement sur les moyennes latitudes ou sur l’océan Atlantique", indique-t-il.
"Le phénomène va mourir de lui-même"
"Mais les orages qui se sont produits au coeur de cette dépression ont relâché beaucoup de chaleur pour en faire une dépression à coeur chaud, ce qui la fait un peu ressembler à une dépression tropicale", poursuit le météorologue. "On peut imaginer que la mer était particulièrement chaude à ce moment-là, à cet endroit-là. Peut-être 2 ou 3 degrés au dessus de la normale, ce qui donne de la force à la convection, qu'elle prenne un coeur chaud".