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Réchauffement climatique: des vagues de chaleur précoces de plus en plus fréquentes?

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La France s'apprête à vivre des journées étouffantes avec des pics à 42°C attendus dans le sud du pays. Des températures très élevées alors même que nous sommes qu'à la mi-juin.

De plus en plus chaud, et de plus en plus tôt. 35,9°C à Bormes-les-Mimosas, 34,9°C à Castellet et Toulon, 36,2°C à Marseille et même 38°C à Cuges-les-Pins et Cuers. Le mercure s'est envolé ce lundi en France. Et ça n'est que le début car la vague de chaleur qui s'installe sur l'Hexagone va s'intensifier ces prochains jours.

Une masse d'air très chaud provenant tout droit de la péninsule ibérique est en train de gagner l'ensemble du pays et s'y installer jusqu'à la fin de la semaine au moins. À partir de mercredi on pourra même parler de canicule dans certains départements où les températures sont supérieures à 30-35°C le jour et à 18-20°C la nuit pendant plusieurs jours consécutifs.

"Ces périodes de fortes chaleurs sont à la fois de plus en plus précoces et de plus en plus tardives", souligne Sandra Larue.

La journaliste météo de BFMTV parle pour cette semaine d'une "canicule exceptionnelle de par sa précocité et son intensité même s'il y a encore beaucoup d'incertitudes". Frédéric Nathan, prévisionniste chez Météo-France, parle aussi auprès de nos confrères de l'AFP d'une forte chaleur "extrêmement précoce".

Record de précocité depuis 1947

Ce ne sont pas moins de 43 vagues de chaleur qui ont été détectées depuis 1947, selon Météo France, qui note qu'il y a eu trois fois plus de vagues de chaleur ces 30 dernières années que durant les 42 années précédentes. Et les températures attendues cette semaine devraient correspondre au scénario jugé le plus probable par Météo-France.

"L'épisode que s'apprête à connaître le pays cette semaine devrait s'ajouter aux 43 autres épisodes déjà recensés, depuis 1947", prévient d'ores et déjà l'agence météorologique.

Un phénomène plus si inédit que ça donc, sauf de par sa précocité. Météo-France estime en effet qu'il s'agirait là de la vague de chaleur la plus précoce pour un mois de juin à l'échelle nationale depuis 1947.

"Ces épisodes extrêmes climatiques vont de plus en plus arriver"

Et les dernières vagues de chaleur en juin sont plutôt récentées: les années 2015, 2017 et 2019 ont également été marquées par de fortes températures dès le début de l'été. Une situation qui ne devrait pas s'améliorer avec le temps.

"Comme le dit le GIEC depuis 1988, ces épisodes extrêmes climatiques vont de plus en plus arriver et ils sont de plus en plus précoces", explique sur BFMTV Charles Sirot, cofondateur de l'association "La Fresque du climat".

Évoquant "un vrai sujet", Charles Sirot souligne que ce phénomène était devenu exponentiel de par le réchauffement climatique: "des événements comme cela arrivent tous les dix ans en temps normal, sauf qu'avec le +1,5°C qu'on a déjà pris, c'est X4 et si on atteint les +2°C ce serait X5,6 [...] il est donc urgent de limiter les émissions de gaz à effet de serre pour limiter ces phénomènes climatiques".

"Ces épisodes que nous jugions exceptionnels par le passé deviennent désormais la norme", soutient aussi sur BFMTV François Gemenne, spécialiste des changements climatiques et enseignant à Sciences Po.

Appel à limiter les émissions de gaz à effet de serre

Christophe Cassou, climatologue et directeur de recherche au CNRS juge "extrêmement probable" que l'activité humaine soit "le principal facteur contribuant à l'augmentation observée de l'intensité et de la fréquence des extrêmes chauds"

"L’intensité et la précocité de cette vague de chaleur en sont un nouvel exemple. Le déni de gravité n'est plus une option. Ne pas être à la hauteur est aujourd'hui irresponsable, explique-t-il sur Twitter.

Un pronostic que partage Frédéric Denhez. Le journaliste et co-auteur de "Ensemble pour mieux se nourrir" craint en effet sur notre plateau que cet épisode météorologique à venir ne soit que "l'apéritif de ce qui pourrait advenir demain, des canicules très précoces avec de l'eau moins disponible pour l'agriculture et l'industrie".

Françoise Vimeux préconise ainsi de diminuer les émissions de gaz à effet de serre à 43% d'ici 2030 et d'"agir maintenant" pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2015.

"Nous savons que nous pouvons limiter le degré de réchauffement", explique la climatologue à l'institut de Recherche pour le Développement."
Hugues Garnier Journaliste BFMTV