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De 1709 à 1954, ces hivers de froid extrême qui ont marqué l'histoire de France

Paris sous la neige ce 27 février.

Paris sous la neige ce 27 février. - OLIVIER MORIN / AFP

Si ce mardi correspond à la journée la plus froide de cet hiver, la France a connu des épisodes hivernaux bien plus durs. 1709, 1788-1789, 1879-1880, ou encore 1954, autant d'années qui ont connu des saisons impitoyablement froides. 

Ce mardi, le pays comme le reste du continent européen a connu une journée d'un froid particulièrement intense. La France connaîtra encore des températures très basses ce mercredi. Mais pour néfaste et désagréable que soit cet épisode glacial et neigeux, il est loin des terribles hivers que notre pays a connus dans son histoire. Certains d'entre eux, extrêmes, continuent de marquer les consciences.

Dans une France embourbée dans une hasardeuse guerre de succession d'Espagne, dans l'ambiance peu réjouissante de la fin de règne de Louis XIV, la catastrophe est littéralement dans l'air en 1709. Comme l'explique dans le détail Le Parisien, le royaume de France connaît à compter du dimanche 6 janvier de cette année-là un hiver atrocement vigoureux.

Atroce car il est le plus meurtrier que la France ait connu: 600.000 Français perdront la vie du fait du froid. La chape glacée s'abat sur la France en venant du nord, gagnant Paris, où l'on évalue la minimale à -17°C, puis s'étend à tout le pays. Fleuves et cours d'eau gèlent. Le Vieux-Port marseillais est même pris dans les glaces. C'est l'hécatombe chez les animaux et les cheptels sont décimés.

Le journal francilien cite encore Léonard Blanchier, maître chirurgien en Charente, qui raconte à l'époque que noyers, chênes et châtaigniers en pourrissent de froid et éclatent dans certains cas. Pour les récoltes, c'est un désastre. Même la vie du beau monde, à la cour, s'en trouve dérangée: le vin gèle en carafe à Versailles. Il faudra attendre un printemps déjà avancé pour que les choses s'apaisent.

Un hiver a pris place dans l'histoire de France comme l'un des facteurs du plus grand événement politique et social de notre histoire: la Révolution française. L'hiver 1788-1789 apparaît en effet comme une réplique sérieuse du "Grand hiver" précédent.

Comme on peut le lire dans cette recension du Point, des épisodes de grêle ravagent les récoltes de céréales durant l'année. L'hiver lui-même est marqué par soixante jours de gel à Paris. Ce marasme bloque complètement le trafic fluvial sur la Seine dans la capitale et ses abords. La période est dure pour tout le monde, pas seulement pour les Parisiens. Ouest France se souvient du gel intense qui a également saisi le reste du pays, notamment sur sa façade atlantique. Les roues des moulins ne tournent plus, ce qui entraîne un phénomène de disette. 

L'hiver pourtant polaire ne refroidit pas les esprits et ses conséquences, notamment alimentaires, fourniront des motifs à la contestation qui éclate en révolution au printemps et à l'été 1789. 

Plus anodin sur le plan de la grande histoire, l'hiver 1879-1880 met aussi les organismes à rude épreuve. Le Monde a retracé cette mauvaise et froide passe sur le blog Passeur de sciences. Début décembre, à partir du 4, la neige tombe dru à Paris. En quelques jours, on en mesure 35 centimètres sur le sol de la capitale. Pour parer au plus pressé, on évacue glace et poudreuse dans la Seine depuis les ponts qui l'enjambent. Mais la Seine elle-même est gelée et on peut la traverser à pied. A la station météo du parc Montsouris, on souligne le 10 décembre que la température a chuté jusqu'à un glaçant -23,9 °C. 

Au-delà de l'Île-de-France, tout le territoire pâtit de la météo et la plupart des cours d'eau français sont gelés. Un anticyclone enfonce tout le pays dans le froid, d'autant que l'ensoleillement est rare. A la fin du mois de décembre, un air chaud providentiel, soufflant depuis le sud-ouest, amène du mieux mais même le mieux a ses mauvais côtés: la fonte de la glace envoie par le fond des bateaux sur la Seine, à Paris.

C'est peut-être le plus célèbre de ces hivers de sinistre mémoire. Toutefois, au cœur du froid, une voix chaleureuse retentit: le 1er février, sur les ondes de Radio Luxembourg, l'Abbé Pierre appelle à "l'insurrection de la bonté" pour sauver les plus démunis des affres de l'hiver. Sur son site, Météo France analyse le phénomène que connaît alors la France. Une vague de froid fait grelotter notamment l'est du pays entre le 1er et le 9 janvier: -17°C à Nancy, -15°C à Strasbourg. A la fin du mois, tous les Français ont froid. 

Et c'est entre le 31 janvier et le 3 février, que le mercure atteint son point le plus bas: -21°C à Saint-Etienne, -13°C à Paris, -12°C à Toulouse, -8°C à Marseille. L'épisode est, de surcroît, accompagné de vents forts. Dans le sud, les précipitations neigeuses atteignent des sommets: on jauge 85 centimètres de neige à Perpignan et 60 centimètres à Luc, dans le Var. A partir du 9 février, on revient aux normales saisonnières. 

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV