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Intempéries: une vingtième victime retrouvée à Cannes

Une vague d'eau et de boue a déferlé au pied du village de Biot, en Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Une vague d'eau et de boue a déferlé au pied du village de Biot, en Provence-Alpes-Côte d'Azur. - AFP

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Deux nouvelles victimes et deux survivants ont été retrouvés lundi après les violents orages qui se sont abattus dans la nuit de samedi sur la Côte d'Azur.

Les intempéries qui ont dévasté la Côte-d'Azur dans la nuit de samedi à dimanche ont laissé un paysage de désolation de Nice à Cannes. Lundi, deux nouveaux corps ont été retrouvés à Cannes, portant à 20 morts le bilan des inondations. Ce bilan des inondations est considéré comme "provisoire" par les autorités, tant que les délicates opérations de sauvetage et déblaiement ne sont pas entièrement terminées.

Un premier corps a été découvert dans un parking souterrain de Cannes ce matin tandis que dans la soirée une femme de 82 ans a été retrouvée dans la même ville. Parmi les victimes recensées se trouvent également des ressortissants étrangers, dont un Britannique, une Italienne et un Portugais.

Deux personnes retrouvées, deux Allemands disparus

Deux personnes dont on était sans nouvelles ont toutefois été retrouvées "saines et sauves" à Cannes, a annoncé lundi la préfecture des Alpes-Maritimes. L'une des deux derniers disparus a été retrouvée "à la suite d'une enquête de police" qui a permis de retrouver sa trace. Les autorités ont pu identifier la deuxième, qui résidait avec son mari dans un camping d'Antibes, dans l'hôpital où elle avait été conduite après le sinistre.

La préfecture a aussi indiqué à 18h30 que deux Allemands sont portés disparus "dans le secteur d'Antibes".

Des sinistrés "traumatisés"

Dimanche, les sinistrés ont tenté toute la journée de sauver ce qui pouvait encore l'être chez eux, sous une épaisse couche de boue. Dans des rues à la chaussée parfois arrachée, devant des arbres à terre, les habitants, bottes au pied, ont contemplé le désastre. 

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Après une nuit d'angoisse samedi et une journée d'attente, quelque 250 sinistrés d'Antibes ont été répartis dans des hôtels des environs. "Ils sont tous très marqués, certains traumatisés, il a fallu leur annoncer qu'il y avait eu des morts", a relaté Vanessa, qui orientait les sinistrés vers leurs hôtels.

Dans toute la zone touchée par les intempéries, une trentaine de kilomètres le long du littoral, de Mandelieu-la-Napoule à Nice, les secours se sont activés pour retrouver des survivants. Ils ont poursuivi leurs recherches toute la nuit, ne perdant pas espoir de retrouver les quatre personnes toujours portées disparues, une à Antibes, deux à Cannes et une à Mandelieu-la-Napoule.

Cette dernière commune paye un lourd tribut, avec au moins sept morts, pris au piège dans le parking de leur résidence en essayant probablement d'aller mettre leur voiture à l'abri. La lame d'eau qui a déferlé ne leur a laissé aucune chance.

Apocalyptique

Dans les sous-sols, "l'eau est tellement opaque que les pompiers ne voient pas les corps. (...) C'est apocalyptique", a décrit le maire, Henri Leroy. Les secours ont sorti au fur et à mesure des corps des parkings, transportés ensuite par des fourgons de pompes funèbres. "Encore une fois, il faut qu'on prévienne qu'à un moment il vaut mieux laisser sa voiture que laisser sa vie", a commenté le président de la République François Hollande, en déplacement sur les lieux des intempéries.

A Biot, ce sont trois résidents d'une maison de retraite qui ont perdu la vie. "Nous avions deux salariés qui assuraient la surveillance de la maison de retraite cette nuit et des 48 pensionnaires", a raconté Jean-Christophe Romersi, responsable de la direction de l'établissement. "Mais elles se sont retrouvées coupées du monde, dans l'impossibilité de prévenir les secours par téléphone", et n'ont pu sauver les trois personnes âgées, résidant au rez-de-chaussée.

Les inondations ont également fait des victimes à Vallauris-Golfe Juan où une famille de trois personnes a péri dans une voiture en empruntant un petit tunnel en cours d'inondation, et à Antibes où une femme a été emportée par les flots dans un camping.

Partout, les sinistrés ont raconté avoir été surpris par la violence et la rapidité des orages. "J'ai passé cinq heures avec de l'eau jusqu'au cou. Je me suis accrochée à mon mobil home. J'ai pensé que j'allais mourir", se remémore Christin, une touriste allemande rencontrée à Antibes. Enfin, "dans les dernières minutes, un hélicoptère est arrivé".

Claude, raconte avoir eu très peur, lorsqu'il s'est réveillé et a compris qu'il ne pouvait plus ouvrir la porte de son mobil home, à l'intérieur duquel l'eau montait, dans un camping d'Antibes. "A un moment, j'ai entendu un hélicoptère, alors j'ai pris ma torche électrique (...) et les pompiers sont venus". 

15 écoles fermées lundi

Les dégâts matériels n'ont pas pu être chiffrés mais ils s'annoncent extrêmement lourds, à l'image peut-être des pluies torrentielles qui avaient fait en juin 2010 dans le Var 25 morts, 31.560 sinistrés et près d'un milliard d'euros de dégâts. Dans les Alpes-Maritimes, 3.900 foyers sont encore privés d'électricité lundi soir, et une centaine de techniciens spécialisés sont à pied d'oeuvre. ERDF souhaite qu'il n'y ait plus que 1.500 clients privés d'électricité à partir de 23 heures.

Lundi, 15 écoles, un collège et un lycée resteront fermés. Le trafic des trains, et dans certains endroits le réseau téléphonique, resteront perturbés. Face à cet épisode d'une intensité exceptionnelle, le département a annoncé le déblocage immédiat "d'une enveloppe de 5 millions d'euros" et la Région a promis une aide exceptionnelle d'urgence de 4 millions d'euros.

De son côté, le président François Hollande a souligné que l'état de catastrophe naturelle serait déclaré dès mercredi en Conseil des ministres, un point clé pour le versement des indemnisations. Dans un département qui avait été placé en vigilance orange par Météo France, c'est l'intensité des précipitations, en trois heures de temps, qui a surpris: entre 19h et 22h, 180 mm d'eau sont tombés à Cannes, 159 mm à Mandelieu-la-Napoule, et 100 mm à Valbonne, près de Biot, des niveaux record.

"Il y a toujours eu des catastrophes, mais leur rythme, leur intensité se sont renforcés", a jugé François Hollande, en profitant pour appeler à "prendre des décisions" pour lutter contre le réchauffement climatique alors que la France accueillera à la fin de l'année la conférence sur le climat Cop21.

la rédaction avec AFP