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Comment interpréter les nouvelles normales climatiques de Météo-France?

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Utilisées à partir de ce mardi 28 juin, ces normales mises à jour se basent sur la période 1991-2020. Elles établissent une augmentation d'1,7 degré concernant la température moyenne en France par rapport à 1900.

À chaque bulletin météorologique, elles sont évoquées pour donner aux Français une moyenne de ce qui est normalement attendu en termes de températures à une période précise de l'année. Ce mardi 28 juin, les nouvelles normales climatiques de Météo-France entrent en vigueur. Et cette dernière actualisation entérine un réchauffement du climat dans l'Hexagone, qui va en s'accélérant.

Des normales calculées sur 30 ans

Mises à jour toutes les décennies, ces normales sont calculées sur une période de 30 ans, afin de leur donner le plus de profondeur possible. Jusqu'alors, lorsque Météo-France évoquait les "normales de saison", il se basait sur la période 1981-2010. Depuis ce mardi, l'institut de prévisions prend désormais en compte la période 1991-2020.

Il aura fallu un an et demi pour calculer ces nouvelles normales, suite à un travail qui a débuté en janvier 2021 et qui s'est fait à l'échelle mondiale, sous l'égide de l'Organisation météorologique mondiale (OMM).

"On recalcule les normales climatiques tous les 10 ans. On a besoin de caractériser un climat qui évolue vite sous l'effet du changement climatique", détaille au Monde Matthieu Sorel, climatologue à Météo-France.

Hausse des nuits tropicales

Une mise à jour plus que bienvenue, alors que le climat connaît d'importantes évolutions, notamment dû au réchauffement climatique. Une dynamique que viennent d'ailleurs attester les chiffres.

"Bien plus chauds qu'il y a 30 ans, ces indicateurs subissent les effets du changement climatique", explique Météo-France.

Selon ces nouvelles normales, la température moyenne annuelle en France durant la période 1991-2020 était de 12,97 degrés. Soit une augmentation de +0,42 degrés par rapport à la période 1981-2010, durant laquelle la température annuelle moyenne s'établissait à 12,55 degrés. Et une augmentation de +1,15 degrés par rapport à la période 1961-1990, où la température annuelle était de 11,82 degrés.

De manière générale, l'augmentation observée durant la période 1991-2020 constitue la plus forte augmentation d'une période à l'autre depuis 1961. Mais cette hausse des températures est inégale sur l'ensemble du territoire. Elle est plus marquée à l'est de l'Hexagone, et moins caractérisée dans les régions côtières.

Autre élément notable, celui de l'augmentation des "nuits tropicales", phénomène qui intervient lorsque les températures ne descendent pas en dessous de 20 degrés la nuit. Elles sont en hausse le long du littoral français. À Nice, on compte désormais 10 nuits supplémentaires marquées par ce phénomène.

Même tendance haussière pour les journées de fortes chaleurs, lorsque la température maximum dépasse les 30 degrés. Marseille doit désormais faire face à 10 journées supplémentaires de ce type dans l'année. À l'inverse, les jours de gelée sont en baisse.

Enfin, au niveau des villes, les bouleversements sont encore plus parlants. Toujours selon Météo-France, il fait désormais à Strasbourg le temps du Lyon des années 1970.

De nouvelles normales qui correspondent au climat de 2005

Mais même si elles attestent indéniablement du réchauffement climatique dans l'Hexagone, ces nouvelles normales ne reflètent pas le climat actuel.

"Ces nouvelles références climatiques, calculées sur la période 1991-2020, seront représentatives d’un climat centré sur les années autour de 2005 et présenteront encore un léger biais par rapport à la période actuelle", écrit sur son site Météo-France.

Et ceci malgré la prise en compte dans les normales 1991-2020 de vagues de chaleur historiques. 2020 a en effet été l'année la plus chaude jamais mesurée en France, et l'été 2019 a fait monter le mercure jusqu'à 46 degrés dans le sud de la France.

Attention également à ne pas surinterpréter les données. "Les différences entre les nouvelles normales climatiques et les anciennes ne peuvent pas être entièrement attribuées au changement climatique", avertit dans les colonnes du Monde Matthieu Sorel. Il faut également prendre en compte l'évolution du nombre de stations de mesure, et de nouvelles méthodes de calcul.

Jules Fresard