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"Soit tu finis en prison, soit tu meurs": le témoignage d'un jeune dealer marseillais, désormais repenti

Après avoir arrêté l'école, l'adolescent a quitté sa ville pour venir dans la Cité phocéenne en quête de "bonnes payes". Désormais inscrit au lycée, il raconte ce monde où l'ont craint les fusillades et la police.

Bryan (*) est un repenti. Il n'est pas encore majeur mais il a déjà vécu plusieurs vies. Il y a "trois, quatre ans", l'adolescent arrête l'école, rejoint Marseille et devient dealer, attiré par les "bonnes payes". Aujourd'hui, la drogue est désormais derrière lui. Le voilà de nouveau scolarisé. Il retrace son parcours au micro de BFM Marseille Provence.

À l'origine, Bryan était "fort à l'école": "J'avais 14 de moyenne". Il vit alors dans une autre grande ville du sud de la France. L'adolescent arrête néanmoins l'école en 3e et se dirige vers un CAP. "Mais ça ne m'a pas plu", se souvient-il.

Le jeune homme réfléchit alors à un moyen de gagner un peu d'argent. Et entend parler de Marseille. Bryan sait peu de choses de la Cité phocéenne et des quartiers nord avant de s'y établir. Il sait cependant que "c'est réputé". Marseille, c'est "la ville où le shit est bon et où ça paye le plus". On lui a également rapporté que "ça tirait beaucoup, aussi". Qu'importe, Bryan débarque à Marseille.

"Toutes les minutes, tu stresses"

Rapidement, il devient petite main d'un réseau de stupéfiants. "Au début, je guettais. Après je vendais. Et après, je gérais et je ravitaillais", liste-t-il à notre micro. Il découvre de ses yeux la réalité du trafic de drogue.

"Toutes les minutes, tu stresses, reconnaît-il. À tout moment, ça pouvait venir rafaler." Parmi ses autres sources d'inquiétude: se faire arrêter.

C'est pourtant bien ce qu'il va lui arriver. "Je me suis fait attraper par la police. Le guetteur les a ratés." Il se remémore la scène: "Ils ont commencé à me courir derrière. Ils m'ont attrapé et m'ont emmené aux geôles. J'ai fait 48 heures".

Convoqué devant le juge

Ressent-il la peur à ce moment-là? "Je me suis dit qu'après c'était le risque. Après, c'est vrai que la prison, c'est compliqué. Ta mère, elle pense à toi. Toi, tu penses à ta mère. C'est compliqué." "Ça a fait pleurer ma mère", reconnaît-il.

Bryan est convoqué devant un juge. Il écope d'une interdiction de sortir de 20 heures à 7 heures du matin.

Pour autant, il ne met pas un terme à ses activités de dealer. Même conscient qu'en continuant sur cette voie-là, "c'est soit tu finis en prison, soit tu meurs. C'est comme ça. C'est ça les risques de l'argent facile".

"J'ai appris un truc"

Un jour, l'adolescent finit par se rendre compte que les dangers pèsent plus lourd que les bénéfices. "Maintenant, j'ai arrêté tout ça", jure-t-il. Pour sa mère, pour ses petites sœurs, mais pour lui aussi.

Alors que la rentrée approche, Bryan s'est inscrit au lycée. Il s'apprête à reprendre un CAP et se réjouit d'avoir "trouvé un patron" pour l'épauler. "Je vais travailler, légalement", résume-t-il. Sans avoir à regarder au-dessus de son épaule.

Aujourd'hui, il dit ne rien regretter de ces semaines passées à dealer. Il ne conseille pas pour autant à quiconque de se lancer dans ce milieu. De cette expérience, il estime quoi qu'il arrive avoir "appris un truc".

*son prénom a été changé

Cindy Chevaux avec Florian Bouhot