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"On a zéro lit de libre en réanimation": le Pr Jean-Luc Jouve alerte sur la situation à Marseille

Face au manque de personnel et de places en réanimation, le président de la commission médicale des hôpitaux de Marseille Jean-Luc Jouve a appelé à la solidarité entre les établissements de santé pour lutter contre la cinquième vague de Covid-19.

Deux jours après l'activation du plan blanc dans les hôpitaux de la région Provence-Alpes-Côtes d'Azur, le Pr Jean-Luc Jouve, président de la commission médicale des hôpitaux de Marseille, s'est alarmé sur BFM Marseille Provence de l'augmentation de la pression hospitalière et a appelé à la solidarité entre établissements de santé.

En pleine cinquième vague de l'épidémie de Covid-19, le département des Bouches-du-Rhône a vu ses indicateurs sanitaires augmenter ces derniers jours. Le 9 décembre, le taux d'incidence s'élève à 670 cas pour 100.000 habitants et 61% des lits en réanimation sont occupés par des patients malades du Covid-19, selon les données de Covidtracker.

"D'habitude la réanimation est quasiment pleine dans une structure comme l'AP-HM et là on assume tout ce surplus, ça veut dire qu'il faut qu'on arrive à placer tout le monde, c'est très difficile. Aujourd'hui on a zéro lit de libre en réanimation" a déploré Jean-Luc Jouve.

"Une vague de patients non vaccinés"

Quant au profil des malades hospitalisés dans les hôpitaux de l'AP-HM, "85% sont des non ou mal vaccinés", c'est-à-dire des personnes qui n'ont reçu qu'une seule dose de vaccin ou qui ont besoin d'une troisième injection.

Pour les autres, "ce sont des patients qui sont bien vaccinés, mais ils ont d'autres maladies à côté comme du diabète, du surpoids ou une immunodépression liée à un cancer [...] il n'y a pas le moindre doute, nous sommes sur une vague de patients non vaccinés", a précisé Jean-Luc Jouve.

Un personnel "à bout de forces"

Au manque de lits s'ajoute la fatigue du personnel soignant. "Cette cinquième vague arrive sur des hôpitaux qui sont fatigués, en mauvais état, et depuis de nombreuses années, avec un personnel qui est à bout de forces et qui a, pour beaucoup, quitté l'hôpital" a-t-il expliqué.

"On a moins de personnels hospitaliers à disposition que pendant la première vague, c'est une des raisons pour lesquelles on ne va pas pouvoir ouvrir tous les lits en réanimation que l'on pouvait ouvrir à la première vague".

Si l'activation du plan blanc permet notamment la réquisition de personnels supplémentaires, le professeur de l'AP-HM a expliqué que cette option n'est pas envisagée pour l'instant. "On a un personnel qui est très très fatigué, qui est un peu au bout du rouleau, on va accentuer les autres moyens possibles".

Appel à la solidarité des hôpitaux privés

C'est pourquoi Jean-Luc Jouve a aussi appelé à la mise en place de "grandes mesures solidaires" pour faire face aux nouvelles entrées en réanimation.

"L'hôpital public va avoir besoin d'une aide forte de l'hospitalisation privée, qu'elle puisse déprogrammer ses patients, qu'elle puisse venir en renfort, soit dans ses lits, soit en nous adressant une partie de son personnel mais il va falloir trouver des moyens, être original, et venir soutenir l'hôpital public qui fait la plus grande part du travail" a indiqué le professeur.

"Les hôpitaux à but non lucratifs la font aussi, par contre au niveau des établissements privés il y a encore un peu de retard à l'allumage et on ne peut plus se permettre des retards" a-t-il prévenu avant d'ajouter: "on a besoin d'un acte de solidarité avec une ARS qui soit très très proactive."

Caroline Ageron, directrice de la délégation départementale des Bouches-du-Rhône de l’Agence Régionale de Santé, a d'ailleurs expliqué sur BFM Marseille s'attendre "à une poursuite de l'augmentation de l'arrivée des patients, que ce soit en hospitalisation ou en réanimation". "On essaie d'anticiper, d'accompagner cette montée en charge" a-t-elle assuré.

Emilie Roussey