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Marseille: des familles évacuées de leur immeuble après des affrontements à la machette et à la barre de fer

Deux personnes ont été blessées au cours des affrontements dans le 15e arrondissement de Marseille. Les CRS sont intervenus et sont restés en place toute la nuit. Ils ont quitté le Kalliste ce mardi en fin d'après-midi.

Les habitants du parc Kalliste, dans le 15e arrondissement de Marseille, ont assisté à une scène d'une rare violence. Des rixes ont éclaté samedi soir entre deux groupes de la communauté nigériane: les individus se sont affrontés à coups de machette et de barre de fer. Plusieurs coups de feu ont été entendus, et deux personnes ont été blessées.

Les CRS sont intervenus et sont restés en place toute la nuit. Les policiers n'ont quitté le parc Kalliste que ce mardi en fin d'après-midi.

Une trentaine de personnes évacuées

Une trentaine de personnes vivant dans cette cité ont dû être évacuées ce week-end. C'est le cas de la famille de Nassra, qui habite au rez-de-chaussée de l'un des immeubles. Dès le début des affrontements, ses parents et ses petites sœurs ont quitté leur domicile pour se réfugier chez Nassra.

Quelques heures plus tard, une voisine les prévient que des membres de l'un des groupes essaient de pénétrer dans leur appartement.

"Une heure après, elle nous appelle pour nous dire que l'appartement est en train de prendre feu", raconte Nassra au micro de BFM Marseille Provence. "Ils ont tout pris. Toutes nos affaires, ils les ont prises."

Ce mercredi, plusieurs familles attendent encore d'être relogées. Un gymnase du 15e arrondissement a été mis à leur disposition, mais les familles n'y ont pas dormi.

"Dormir dans un gymnase, ce n'est pas une solution", déclare Amine Kessaci, président de l'association Conscience, sur le plateau de BFM Marseille Provence mardi. "J’espère aujourd’hui que la préfecture, que la mairie, que le bailleur social, que toutes ces personnes vont se consulter et qu’elles vont trouver des solutions pérennes à ces personnes."

La préfecture des Bouches-du-Rhône indique ce mercredi que cinq familles ont refusé de retourner au Kalliste. Elles sont pour le moment logées dans des apparts-hôtels. La préfecture assure suivre "attentivement le dossier avec la ville de Marseille, la Métropole et le bailleur social."

"Le problème, c'est le mal-logement"

Pour Amine Kessaci, les affrontements de ce week-end sont graves, mais pas une surprise. Ce sont des phénomènes récurrents dans des quartiers comme le Kalliste.

"Malheureusement, il y a ces tensions entre différentes communautés, mais il faut aller au centre du problème", déclare-t-il. "Et le problème, c’est le mal-logement, c’est l’insécurité, l’insalubrité aussi, et c’est tout ce qui règne dans ces cités.”

Le président de l'association Conscience espère que la présence de la police sera renforcée dans le quartier de façon durable, afin d'assurer la sécurité des habitants. Mais il demande surtout aux institutions de prendre des mesures concrètes pour lutter contre le mal-logement dans les cités.

"Aujourd’hui il y a des problèmes, on connaît ces problèmes, et il faut les prévenir. C’est maintenant qu’il faut agir, pour éviter d’engrener d’autres cités, pour éviter de reproduire les erreurs qu’on commet à chaque fois."

Un point de vue partagé par Saïd Ahamada, député LREM de la 7e circonscription des Bouches-du-Rhône. "Il faut que la peur change de camp", déclare-t-il à BFM Marseille, incitant la police à être plus présente au Kalliste. "Il faut absolument qu’ils (les habitants, ndlr) se sentent en sécurité chez eux, c’est un droit fondamental. Le droit au logement et le droit de vivre tranquillement chez soi, c’est un droit fondamental."

Demandent que "des sanctions soient prises"

Sur la question des communautés nigérianes impliquées dans les affrontements, Saïd Ahamada demande que "des sanctions soient prises", affirmant que les personnes d'origine nigériane qui bénéficient du droit d'asile doivent être hébergées "de la bonne manière".

"Il faut que tous les responsables se réunissent pour régler cette question des squats et de l’insécurité", continue-t-il.

La question de l'insécurité dans les quartiers ne concerne pas seulement le Kalliste. D'autres cités, comme le parc Corot, ont le sentiment d'être abandonnées par les pouvoirs publics.

"Pour moi, ce sont des 'no man's land marseillais'", nous dit Mohamed Benmeddour, militant engagé pour les quartiers nord. "Ce sont des endroits où la population est laissée pour compte. Les élus, on ne les voit guère, à part en période électorale."

De son côté, Amine Kessaci et le collectif Conscience invitent les habitants de ces quartiers à se réunir, à "monter des associations et se battre collectivement" pour faire pression sur les institutions.

La préfecture indique quant à elle qu'une partie du parc Kalliste a vocation à être entièrement démolie dans le cadre d'un programme de rénovation urbaine.

Cindy Chevaux et Laurène Rocheteau