BFM Marseille
Marseille

Marseille: un an de prison ferme pour un loueur d'appartements insalubres

Le tribunal correctionnel de Marseille (illustration).

Le tribunal correctionnel de Marseille (illustration). - BFM Marseille Provence

Ce maçon de profession louait des appartements insalubres dans lesquels vivaient deux mères isolées avec leurs bébés.

Un maçon marseillais a été condamné mercredi à 18 mois de prison, dont une année ferme à purger à domicile sous bracelet électronique, pour la location d'appartements insalubres dans lesquels vivaient deux mères isolées avec leurs bébés.

Une amende de 50.000 euros

Condamné pour soumission de personnes vulnérables à des conditions d'hébergement indignes, mise en danger d'autrui, non-respect d'une interdiction d'habiter et refus de reloger, le tribunal correctionnel de Marseille a également prononcé une amende de 50.000 euros et une interdiction, pendant cinq ans, d'acquérir tout bien à usage d'hébergement.

Absent à l'audience, le 28 août dernier, le prévenu louait deux logements dont celui du rez-de-chaussée était en fait une réunion de caves, dans le quartier très paupérisé de la Belle-de-Mai. En février 2022, les services de sécurité de la ville de Marseille intervenaient à la suite de l'effondrement d'un faux plafond.

La locataire du rez-de-chaussée, une mère de famille au RSA vivant avec son bébé, évoque une invasion par les rats et les blattes de son appartement par ailleurs insuffisamment éclairé et dont les WC sont situés dans la cuisine.

"Dès qu'il pleut", ajoute-t-elle, "je mets des seaux car l'eau tombe dans la maison".

Sa voisine du dessus, une Cap-Verdienne vivant elle aussi avec son bébé et mère d'un enfant âgé de 12 ans placé par les services sociaux avait été contrainte de régler 250 euros pour des travaux d'étanchéité. À son entrée dans les lieux, elle avait accepté de verser 2000 euros d'avance, en liquide, pour obtenir cet appartement qualifié de "taudis" par l'accusation.

"Des bêtes dans l'appartement"

"C'est le désespoir qui me l'a fait prendre", avait-elle raconté aux policiers, expliquant qu'elle ne dormait pas durant la nuit pour surveiller son bébé "à cause des bêtes dans l'appartement".

Lorsque qu'elle avait décidé de ne plus payer le loyer autour de 500 euros, le propriétaire lui avait "envoyé des hommes" et la jeune femme, sans papiers, avait réglé les sommes réclamées "par peur de se retrouver à la rue avec son bébé".

La condamnation du tribunal va au-delà des réquisitions d'un an de prison avec sursis ou de 180 jours-amende à 80 euros qu'avait prises le procureur. Celui-ci avait stigmatisé un "vendeur de sommeil qui exploite la détresse et la misère humaine dans une ville où le logement est compliqué".

Le magistrat avait également pointé un propriétaire "qui fait de l'argent avec un taudis insalubre et ne veut pas débourser un centime".

A.T. avec AFP