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Marseille: les soignants de l'hôpital Édouard-Toulouse manifestent contre un plan de réduction des lits

Des soignants manifestent devant l'hôpital Édouard Toulouse, à Marseille.

Des soignants manifestent devant l'hôpital Édouard Toulouse, à Marseille. - BFM Marseille Provence

Une trentaine de salariés de cet établissement situé dans les quartiers nord ont manifesté ce jeudi leur opposition au projet de diminution des coûts que souhaite opérer la direction. Ils craignent d'importantes conséquences sur le suivi des personnes souffrant de problèmes psychiatriques.

"D'un point de vue sanitaire, c'est une catastrophe qui est en train d'être organisée." L'alerte est donnée par Olivier Boyer, secrétaire général de Force ouvrière (FO) au centre hospitalier Édouard-Toulouse, dans le 15e arrondissement de Marseille. Le cadre de santé, accompagné d'une trentaine de collègues, a de nouveau manifesté ce jeudi matin devant le conseil de surveillance de cet établissement public spécialisé dans la santé mentale.

Car le centre hospitalier Édouard-Toulouse s'apprête à enclencher un drastique "plan de retour à l'équilibre financier". Annoncé en décembre dernier par la direction, ce dernier doit permettre de réaliser 1,7 million d'euros d'économie au moyen de coupes: une cinquantaine de lits (sur 210) et 40 postes de contractuels doivent être supprimés.

Or l'hôpital est implanté au cœur des quartiers "les plus paupérisés" de la ville, a souligné Olivier Boyer sur BFM Marseille Provence ce jeudi matin, avant de prendre la route pour la manifestation. "C'est aussi les quartiers qui ont le plus de difficultés d'accès aux soins psychiatriques, parce qu'il n'y pas de clinique..."

Deux services en moins à l'horizon 2023

En tout, deux services doivent fermer leurs portes. La première échéance est fixée au 1er juin, la seconde au début de l'année 2023.

"Ça concerne l'hospitalisation adulte. C'est les services des patients qu'on dit 'long séjour', des patients qui sont là depuis des années et des années dans l'hôpital, décrypte Olivier Boyer. Ce sont eux qui vont être les premiers frappés." Le suivi au quotidien est pourtant "fondamental dans la prise en charge de personnes souffrant de problèmes psychiatriques".

Le déploiement d'équipes mobiles prodiguant des soins intensifs à domicile, alternative proposée par la direction, peine à convaincre. "Les 50 personnes qui ne pourront plus être hospitalisées se retrouvaient suivies chez elles par des équipes ambulatoires dont on ne connaît pas les missions précises, dont on ne connaît pas les effectifs qui vont rester", déplore le secrétaire général de FO.

"Interpeller les élus"

C'est non seulement à l'appel de son syndicat, mais aussi de la CGT et de Sud, que les soignants ont fait résonner leurs revendications devant l'hôpital, drapeaux en main, ce jeudi.

Avec un objectif: "interpeller les élus des quartiers pour qu'ils prennent une position pour nous aider dans ce combat". Car certains font partie du conseil de surveillance de l'établissement, de même que des membres de l'Agence régionale de santé.

Pour Kader Benayed, secrétaire du syndicat Sud Santé, le risque d'une pénure de main d'oeuvre est prégnante. Interrogé à notre micro, ce dernier juge nécessaire de rendre les quartiers les plus précaires "attractifs" pour les professionnels de santé avec un système de primes en territoire difficile, dont des enseignants ou des policiers bénéficient déjà.

D'autres manifestations à prévoir

À l'heure actuelle, les syndicats mobilisés contre le plan de la direction n'envisagent pas d'entrer en grève. Olivier Boyer ne l'exclue cependant pas. "Mais c'est plus symbolique parce que, dans les hôpitaux, quand il y a grève, il y a réquisition, rappelle-t-il. Et la réquisition, c'est sur la base des effectifs minimum. On est quasiment tout le temps en effectif minimum dans la plupart des services".

En revanche, de l'aveu du secrétaire général de FO, ils semble quasi-acquis que d'autres manifestations interviendront dans les semaines à venir si les revendications des syndicats ne sont pas entendues.

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions