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Marseille: les déchets s'accumulent à la gare Saint-Charles après 10 jours de grève des agents de propreté

En grève depuis dix jours, les agents de propreté revendiquent des revalorisations salariales et des garanties sur l'emploi.

Les déchets s'accumulent à la gare Saint-Charles de Marseille et dans les couloirs du métro, au dixième jour d'une grève des agents de propreté revendiquant des revalorisations salariales et des garanties sur l'emploi, ont constaté BFM Marseille Provence et l'AFP.

Des retenues sur salaire dénoncées

"On nous appelle les invisibles. Eh bien là, on nous voit", s'est félicité Abdeleza Salmi, agent de propreté au sein du Réseau de Transport Métropolitain (RTM), pointant du doigt les poubelles débordantes et les tas de déchets entre lesquels circulent touristes et habitants de la deuxième ville de France.

S'ils ne partagent pas exactement les mêmes revendications, les agents de propreté de ces deux lieux concentrent leurs griefs envers leur employeur commun, la société privée Laser Propreté à qui la SNCF et la RTM sous-traitent le nettoyage. Les agents de propreté du métro reprochent à Laser Propreté de pratiquer des retenues sur salaire.

"Petit à petit, on a commencé à consulter nos fiches de paie, on a constaté qu'il y avait des décalages", a déclaré un gréviste, qui préfère garder l'anonymat par peur de représailles. Un autre de ses collègues a affirmé avoir récemment eu son salaire amputé de 250 euros.

Les salariés de la RTM dénoncent des pénalités pour du travail qui n'a pas été fait, ou mal effectué. "C'est complètement faux", fustige Kamel Djeffel, secrétaire du syndicat national CAT des salariés des entreprises de nettoyage et porte-parole de l'intersyndicale avec Solidaires sur le plateau de BFM Marseille Provence.

"Peu importe les divergences entre la RTM et la société prestataire, [ils n'ont] pas le droit de fonctionner de cette manière-là."

Le syndicaliste dénonce également l'appel de la RTM à des sociétés prestataires extérieures, "une entrave au droit de grève sous couvert de règles sanitaires".

Plus de considération pour leur travail

De manière générale, tous les grévistes demandent plus de considération pour leur travail "sale", "difficile" et "parfois dangereux".

Du côté de la gare, ils sont 120 agents de propreté à faire grève. Ils craignent que lors du prochain appel d'offres concernant la société de nettoyage, prévu en 2026, la SNCF fasse alors appel à une association qui ne soit pas rattachée à la convention collective de la propreté. La SNCF avait procédé ainsi à la gare d'Aix-en-Provence en 2022.

Le 8 mai, Kamel Djeffe a notamment adressé un mail à la SNCF leur demandant "de se positionner comme ils ont pu le faire en 2009", c'est-à-dire en gardant leurs agents actuels.

Interrogée par l'AFP, la SNCF a indiqué qu'"aucune démarche n'a encore été engagée" en ce qui concerne la prochaine attribution du marché, ajoutant que "les règles des marchés publics seront bien entendu strictement respectées".

De son côté, la RTM a estimé mardi dans un communiqué être, comme ses clients, "victimes d'un mouvement qui leur est extérieur" et assuré prendre, "avec son prestataire, toutes les dispositions possibles pour qu'un retour à la normale soit effectif dans les heures qui viennent". La société Laser, elle, n'était pas joignable.

"Concernant la RTM, cela fait déjà plusieurs semaines que l'on essaie de les interpeller", précise Kamel Djeffel sur l'antenne de BFM Marseille Provence. "Ce qui est inquiétant, c'est que la RTM a attendu quasiment huit jours pour se positionner, et bizarrement cela concorde avec la venue du ministre."

Clément Beaune, ministre des Transports, était en visite à Marseille ce mardi et a pris le temps d'échanger sur le piquet de grève, ce que salue le syndicaliste sur notre antenne. Depuis sa venue, "un dialogue est en cours" a déclaré Kamel Djeffel.

"C'est un véritable scandale"

Chez les usagers des transports marseillais, le dégoût et l'indignation montent. "C'est un véritable scandale [...] On est gêné par la saleté qu'il y a dans cette gare [...] Je ne comprends pourquoi ils n'arrivent pas à négocier", regrette un habitant, interrogé par BFM Marseille Provence.

"Cela ne donne pas envie de visiter la ville, c'est une vraie porcherie", déplore un étudiant.

La grève est reconduite pour une durée indéterminée, les syndicats envisagent même de durcir le mouvement.

Cindy Chevaux et Juliette Vignaud avec AFP