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Marseille: le procès de "l'affaire Tatoo" s'est ouvert, 27 trafiquants présumés appelés à la barre

Deux années d'enquête, entre 2012 et 2014, ont été nécessaires pour démanteler cette filière, qui aurait au total transféré 150 kg de stupéfiants d'Amérique latine vers l'Europe à travers huit transferts distincts.

De la Colombie à la France puis à l'Italie, le schéma était clair et les rouages bien huilés. La cocaïne transitait par ces trois pays à travers des valises et les trafiquants échangeaient via le service de messagerie Tatoo, en vogue dans les années 90 mais particulièrement désuet aujourd'hui.

C'est le recours à ces petits bipeurs, dissimulables dans la paume d'une main, qui a donné son nom à cette affaire tentaculaire. Le procès de 27 prévenus, suspectés d'avoir appartenu à ce réseau de trafic de drogue, s'est ouvert ce mercredi devant le tribunal correctionnel de Marseille.

Deux années d'enquête, entre 2012 et 2014, ont été nécessaires pour démanteler cette filière, qui aurait au total transféré 150 kg de stupéfiants d'Amérique latine vers l'Europe à travers huit voyages distincts.

Les bagagistes comme intermédiaires

Avec, au départ, deux filières de fournisseurs colombiens: "la fea" (la vilaine) et "la guapa" (la jolie), qui chargeaient les stupéfiants dans des bagages. Mais seule "la fea" est concernée par ce procès, l'instruction sur le second réseau étant encore en cours, précise l'Agence France-Presse (AFP).

Aux aéroports de Roissy et d'Orly, les valises non accompagnées étaient réceptionnées par des bagagistes, lesquels les abandonnaient dans l'aéroport moyennant un cachet.

Baba Wague est le seul bagagiste identifié dans ce dossier. Appelé à la barre ce mercredi, il a reconnu avoir évacué une première valise en novembre 2012. Mais il n'aurait jamais su qu'elles contenaient de la drogue, pensant plutôt à de simples vols.

"Tous ont refait leur vie"

Interrogés par BFM Marseille Provence, plusieurs avocats pointent la complexité pour les prévenus de se défendre pour des faits remontant à dix ans auparavant.

"Surtout que tous, finalement, ont refait leur vie, présentent des gages sérieux sur le plan de la réinsertion sociale, pointe Me Frédéric Monneret, conseil d'un prévenu. Et revenir pour être jugé dans une affaire grave au bout de tant de temps, ça pose incontestablement problème humainement."

Cette première séance au tribunal était marquée par l'absence des trois hommes suspectés d'avoir dirigé ce réseau: les frères Kamel, Abdenasser et Abdelkrim Seraf, poursuivis pour blanchiment, trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs. Le premier était excusé car admis dans une clinique psychiatrique de la région parisienne pour une durée de trois à quatre semaines.

Les trois frères encourent dix ans de prison. Le jugement sera rendu le 7 décembre.

Cindy Chevaux avec Florian Bouhot