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Marseille: la justice rejette la requête de fermeture du centre de rétention administrative

Lors d'une visite du CRA de Marseille après un incendie, le bâtonnier a relevé plusieurs dysfonctionnements.

Lors d'une visite du CRA de Marseille après un incendie, le bâtonnier a relevé plusieurs dysfonctionnements. - Bâtonnier de Marseille

Le tribunal administratif de Marseille a répondu dans son ordonnance point par point sur les "atteintes graves" relevées, qui vont de la climatisation défaillante à l'absence d'eau froide.

La justice administrative a rejeté vendredi la requête de fermeture temporaire du centre de rétention (CRA) de Marseille malgré les nombreux dysfonctionnements soulignés dans un rapport réalisé par le bâtonnier début juillet.

Saisi par une procédure d'urgence de référé-liberté, le tribunal administratif de Marseille a répondu dans son ordonnance point par point sur les "atteintes graves" relevées à l'audience mercredi, qui vont de la climatisation défaillante à l'absence d'eau froide ou aux difficultés d'accès aux soins psychiatriques.

Aucune "carence grave"

Sur la climatisation, des travaux effectués tout récemment ont permis de baisser les températures à 21/23 degrés donc "il n'apparaît pas que les conditions de rétention (...) sur ce point à la date de la présente ordonnance caractérisent une atteinte aux libertés fondamentales précitées nécessitant le prononcé d'une fermeture provisoire du centre ou d'une injonction de réaliser de nouveaux travaux en urgence", écrit la juge dans sa décision que l'AFP a pu consulter.

Même chose sur le risque incendie où aucune "carence grave" n'est caractérisée.

Sur l'absence d'eau froide, la juge remarque que "le système de distribution d'eau du centre a été inversé afin de permettre aux intéressés de disposer d'eau froide aux robinets".

Sur les prises en charge médicales, la juge reconnaît que "le nombre de personnes retenues atteintes de troubles psychiatriques est en augmentation" et que le préfet ne démontre pas "le respect actuel par l'administration des modalités de prise en charge médicale des personnes en rétention". Toutefois elle souligne que le requérant "ne fait état sur ce point d'aucun fait circonstancié le concernant".

"Les conditions d'hébergement sont catastrophiques: il n'y a plus de climatisation alors que les températures sont très élevées et l'eau froide inexistante", avait déploré à l'audience l'avocate Maëva Laurens, représentante de dix-sept personnes actuellement retenues au CRA du Canet (quartiers Nord).

Deux incendies successifs

S'appuyant sur un rapport au vitriol du bâtonnier de Marseille suite à sa visite des lieux le 10 juillet, elle avait expliqué que l'établissement ne bénéficie pas d'eau froide depuis sa construction en 2006. Quelques bouteilles d'eau sont distribuées lors des repas.

Le centre, qui peut théoriquement accueillir 136 personnes, n'en a que 62 actuellement après que deux incendies successifs se sont déclarés fin juin et mi-juillet. Un retenu est d'ailleurs décédé peu après le premier feu, sans que les raisons de sa mort n'aient encore été éclaircies.

Mi-juin, la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), Dominique Simonnot, avait déploré que plusieurs centres de rétention pour immigrés en situation irrégulière demeurent structurellement "attentatoires à la dignité" humaine, malgré des mises en garde répétées mais "laissées sans suite". Ce document n'avait pas ciblé spécifiquement Marseille.

La France comptait 25 de ces centres en 2022, pour 1.936 places disponibles. Le gouvernement espère atteindre 3.000 places d'ici 2027 avec la construction de nouveaux CRA.

A. La. avec AFP