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Marseille: l'affaire des procurations frauduleuses lors des municipales sera jugée en septembre 2024

Deux ex-maires de secteur marseillais sont notamment accusés d'avoir eu recours à de fausses procurations lors des élections municipales de 2020.

Quatorze personnes, dont deux ex-maires de secteur du parti Les Républicains (LR) à Marseille, seront jugées en septembre pour l'affaire des procurations douteuses qui avait marqué l'élection municipale de 2020 lors de laquelle la ville avait finalement basculé à gauche, ont appris BFM Marseille Provence et l'AFP ce vendredi 24 novembre.

Le procès se tiendra du 23 au 27 septembre dans la salle des procès hors-norme du tribunal judiciaire de Marseille, a-t-il été annoncé lors d'une audience de mise en état vendredi.

194 procurations illégales

Il est reproché, à des degrés divers, à ces personnes liées au camp de Martine Vassal, candidate LR malheureuse à la mairie et actuelle présidente de la Métropole, d'avoir "mis en oeuvre un système dit de 'procurations simplifiées'". Celles-ci étaient validées par un commandant de police du commissariat du 12e arrondissement, hors la présence des mandants, voire même sans leur accord.

Au total, 194 procurations illégales avaient ainsi été produites, dont une cinquantaine pour des résidents de l'Ehpad Saint-Barnabé du 12e arrondissement, souffrant pour certains de maladies comme Alzheimer, selon un procès-verbal de synthèse dont l'AFP a obtenu copie.

Trois élus, un directeur d'Ehpad, des militants politiques et associatifs et un commandant de police seront sur les bancs de prévenus, à moins qu'ils ne sollicitent d'ici là une procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité.

Les prévenus contestent les faits

Parmi eux se trouvent l'ex-maire Les Républicains des 6e et 8e arrondissements (4e secteur) Yves Moraine et l'ex-maire LR des 11e et 12e arrondissements (6e secteur) et ex-député Julien Ravier, déclaré inéligible pour un an en 2022 en raison de ce dossier.

Tous deux contestent les faits, Yves Moraine reconnaissant seulement une politique "agressive" de collecte des procurations.

Béatrice Pefetti, une des quelque 194 victimes identifiées, est "tombée des nues" en recevant une convocation il y a un mois à peine pour cette audience. Jusqu'à ce courrier, elle ne savait absolument pas que quelqu'un avait voté pour elle et son mari, depuis décédé, au premier tour de 2020, en pleine épidémie de Covid.

Elle était alors en maison de repos après une opération du coeur. "C'est des magouilles, c'est mafieux", s'insurge cette pimpante septuagénaire.

"Comment ils ont fait? Est-ce que ça arrive fréquemment? Je pense qu'en regardant les listes d'émargement, ils se sont dits que mon compagnon et moi n'avions pas voté", s'interroge-t-elle.

Autant de réponses qui lui seront peut-être apportées lors du procès. L'actuel adjoint au maire pour la Sécurité, le socialiste Yannick Ohanessian, sera aussi une des parties civiles.

La liste LR en tête en 2020

Au second tour, le 28 juin 2020, la liste LR menée par Julien Ravier avait devancé de 352 voix celle du Printemps Marseillais conduite par Yannick Ohanessian.

Malgré sa défaite dans ce secteur, le Printemps marseillais, large alliance de gauche et des écologistes, en avait remporté d'autres et avait gagné la mairie centrale de Marseille, après 25 ans de règne du LR Jean-Claude Gaudin.

Martine Vassal avait elle contesté toute connaissance ou implication dans l'affaire des procurations illégales.

"Ses explications peuvent apparaître surprenantes dans la mesure où elle était tête de liste LR", mais "l'enquête n'a pas permis de mettre en évidence" sa participation "à ce système de procurations frauduleuses ou même qu'elle en ait eu connaissance", avait détaillé le procureur de la République adjoint de Marseille dans un procès-verbal.

L.R. avec AFP