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Marseille: des dealers demandent à être interpellés pour échapper à la brutalité des quartiers

Ces jeunes adolescents tentent d'échapper au milieu du trafic de stupéfiants, où ils subissent la violence.

Ils ont 14, 15 ou 16 ans et viennent de toute la France. Des dealers novices, de plus en plus jeunes, sont recrutés par des trafiquants de drogue marseillais pour s'acquitter de basses besognes, notamment "faire le chouf", soit guetter l'arrivée des forces de l'ordre.

Attirés par l’argent facile, ces enfants sont bien souvent dépassés par la violence qui règne sur place et à laquelle ils se trouvent confrontés quotidiennement. Certains vont même jusqu’à appeler eux-mêmes les forces de l’ordre pour demander à être interpellés.

"Ils en ont marre. C'est compliqué, pas facile", témoigne l'un d'entre eux au micro de BFM Marseille Provence. Âgé de seize ans, il a lui-même quitté son département d'origine pour rejoindre une cité de Marseille, mais s'est très vite retrouvé confronté à la dureté du milieu.

"Certains, quand ils guettent, ratent la police ou les civils", explique celui qui a tenu à garder l'anonymat. Auquel cas, leurs patrons leur "enlèvent la paye" ou les "tabassent", d'autant plus si les produits stupéfiants ont été saisis. Ces jeunes dealers doivent parfois s’acquitter d’une dette impossible à rembourser en guise de punition.

"Des actes de torture et de barbarie"

L'interpellation par les forces de l'ordre apparaît alors comme un moindre mal. "Parfois, certains font exprès de se faire arrêter par la police, avec la sacoche dans les mains", raconte le jeune garçon. Pour d'autres, il s'agit également de la seule manière d'échapper à d'éventuelles représailles de bandes rivales.

"Il y en a encore qui sont victime, de façon très grave, de ces réseaux, avec des actes de torture et de barbarie, des viols et avec des mises en scène de cette violence sur les réseaux sociaux pour impressionner", affirme Frédérique Camilleri, préfète de police des Bouches-du-Rhône.

Pour Mohamed Benmeddour, éducateur et militant dans les quartiers nord, ces adolescents sont abandonnés à leur sort. "Malheureusement, je me rends compte que l'on est plus beaucoup à parler avec ces jeunes-là. C'est ça le problème. Les éducateurs ont déserté le terrain", déplore-t-il.

En 2022, plus de 1800 individus ont été interpellés à Marseille pour trafic de stupéfiants.

Cindy Chevaux et Sarah Boumghar