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Marseille: des agents du Mucem dénoncent le management du directeur, ancien conseiller de Macron

Le Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (Mucem) à Marseille, le 20 novembre 2019

Le Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (Mucem) à Marseille, le 20 novembre 2019 - CLEMENT MAHOUDEAU © 2019 AFP

La lettre des représentants du syndicat SUD-Solidaires a été envoyée à Pierre-Olivier Costa ainsi qu'au ministère de la Culture.

Un an après sa nomination à la tête du Mucem à Marseille, l'ex-conseiller d'Emmanuel Macron, Pierre-Olivier Costa, voit son management mis en cause par une partie du personnel qui l'accuse vendredi 8 décembre dans une lettre de "mettre à mal le projet scientifique" du musée.

"Nous avons acté collectivement de dysfonctionnements anciens, mais aussi très récents", ont écrit des représentants du personnel du musée national dans cette longue lettre adressée à l'ex-directeur de cabinet de Brigitte Macron, que l'AFP a pu consulter.

La missive, signée par des représentants du syndicat SUD-Solidaires, a également été envoyée au ministère de la Culture.

Une réputation qui "pâtit de ces dysfonctionnements"

Pierre-Olivier Costa a pris en novembre 2022 la direction du Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (Mucem) situé au bout du Vieux-Port à Marseille.

L'accusant de ne pas avoir "su prendre la mesure de la souffrance au travail" pourtant exprimée à plusieurs reprises, des représentants du personnel expliquent avoir mené une "enquête-collecte" auprès de "l'ensemble des agents du Mucem, fonctionnaires et contractuels, des assistant.es aux chef.fes de service", soit quelque 150 personnes.

Parmi les dysfonctionnements pointés, ils déplorent notamment "la mise à mal du projet scientifique et de l'image du Mucem" et disent regretter "amèrement que soient systématiquement opposés le contenu scientifique et le contenu émotionnel, et que la richesse apportée à (leur) établissement par le monde de la recherche et de la création soit jugée élitiste".

Ils s'inquiètent également de la réputation du musée qui "pâtit de ces dysfonctionnements", évoquant "les artistes à qui l'on impose des décisions peu claires (...)."

"Il y a eu beaucoup de changements en peu de temps, suscitant beaucoup de questions", a reconnu le directeur du Mucem auprès de l'AFP, expliquant avoir dû monter en un temps record les célébrations organisées pour les dix ans du Mucem en 2023, ce qui "était un peu un défi".

Un management "parfois toxique"

La lettre dénonce également un management jugé "parfois toxique" exercé "en dehors du cadre légal par deux conseillers-prestataires" choisis par Pierre-Olivier Costa.

Ces deux collaborateurs extérieurs ont été nommés pour un an seulement afin d'aider à l'organisation des dix ans du Mucem car "quand je suis arrivé, les gens m'ont dit qu'ils étaient exsangues", se défend M. Costa, ajoutant qu'il était courant que des directeurs de musée disposent d'un cabinet.

Les représentants du personnel s'alarment aussi d'un "manque de visibilité" sur l'avenir du Mucem: aucun projet d'exposition n'a été validé au-delà du printemps 2025, explique la lettre, "alors que le bon usage est d'établir un planning sur trois ans".

Une exposition déprogrammée

À l'inverse, des projets d'expositions sont "retoqués sans explication", selon eux tandis que l'annonce de la déprogrammation d'une exposition -celle de l'artiste britannique Damien Hirst prévue début 2024- a été faite au même moment à la presse et aux équipes du musée.

"Les décisions prises tardivement et donc en urgence sont synonymes de risque, juridique tout d'abord, avec des demandes d'autorisation qui sont faites au dernier moment voire a posteriori!, poursuit la lettre, pour qui au Mucem, "le travail dans l'urgence est devenu la norme".

"Je n'ai pas d'administrateur général depuis le départ d'Olivier Donat" en septembre 2023, a encore indiqué Pierre-Olivier Costa, affirmant avoir hérité d'un "bateau un peu à la dérive" mais promettant qu'il allait "s'atteler à pas mal de problèmes" avec l'arrivée de la nouvelle administratrice générale, Véronique Haché, qui vient d'être désignée.

M.L. avec AFP