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Marseille: dans le 4e arrondissement, opposition et riverains vent debout contre la création d'une salle de shoot

C'est officiel, une salle de shoot va voir le jour dans le 4e arrondissement de Marseille. Ce n'est pas du goût des riverains et de certains élus, qui s'opposent fortement à ce projet.

C'est un sujet qui fait débat dans la cité phocéenne depuis plusieurs mois. Après avoir fait le tour des arrondissements de Marseille, le projet d'une salle de shoot va finalement se concrétiser dans le 4e, dans un bâtiment municipal situé au 110 boulevard de la Libération.

Après cette annonce vendredi 13 octobre, certains sont soulagés, d'autres agacés. Une partie des habitants était favorable à l'implantation de cette salle de consommation à moindre risque, lassée de devoir trouver et ramasser les seringues usagés, notamment aux abords des écoles.

"C'est le plus mauvais lieu"

D'autres sont clairement opposés, par crainte d'être confrontés à des consommateurs en manque. Une pétition a été lancée en ce sens il y a trois jours et a recueilli 1.300 signatures. Une manifestation est également prévue vendredi 20 octobre lors du prochain conseil municipal.

C'est également position de Bruno Gilles, conseiller municipal d'opposition et conseiller métropolitain (Horizons).

"C'est le plus mauvais lieu sur Marseille où on pouvait se permettre de mettre en place une salle de shoot [...], en plein milieu du boulevard, entouré par 13 établissements scolaires", a-t-il détaillé sur BFM Marseille Provence.

L'élu énumère notamment la présence de trois collèges, trois écoles, trois crèches et deux lycées. "J'ai toujours dit une salle de shoot, pourquoi pas, mais à l'intérieur d'un service hospitalier."

Il dénonce également le manque de prévention et de concertation sur la création de ce lieu, qui va "attirer du trafic" de drogue dure. Autre critique: le coût de cette salle. "On parle d'un chiffre astronomique d'1,85 million d'euros de travaux à l'intérieur de ce centre", souligne Bruno Gilles.

"Je vais me battre"

L'élu estime que la salle va avoir des conséquences sur le quotidien de milliers d'élèves et de riverains. Ces derniers, qui ont appris la nouvelle dans les médias, sont d'ailleurs pour beaucoup remontés. Récemment, des tags sont apparus près du lieu où sera installée la salle de shoot, demandant le retrait du projet.

"On va être spectateurs de choses épouvantables, de drogués qui dorment par terre, des halls d'immeuble squattés, les dealeurs seront là", dénonce fermement Nadir. "On est outrés, il y a une maternelle à 50 mètres et un lycée à 300 mètres !"

Les habitants ne comprennent pas pourquoi le quartier a été choisi, alors qu'ils estiment ne pas accueillir une concentration de consommateurs de drogues dures. "On n'est pas confrontés à ça, alors pourquoi venir rajouter des problèmes", demande Marion.

"On a l'impression d'être dans un État totalitaire où on nous impose cette décision", poursuit-elle. Même état d'esprit du côté de Sandra. "Je vais faire le bordel pour ne pas que cette salle de shoot soit réalisée, ce n'est pas possible. Je vais me battre."

Cette riveraine souhaite monter un collectif pour que le quartier des Cinq-Avenues fasse entendre parler de sa colère, mais de son côté, la municipalité campe sur ses positions. Selon elle, la localisation est "idéale" car elle est située à moins de 20 minutes à pied des lieux de consommation traditionnels.

Des années pour que la salle voit le jour

C'est la première fois qu'un accord voit le jour pour la création d'une salle de shoot à Marseille, alors que les premières ébauches datent d'il y a des dizaines d'années.

Si des mois de discussion ont été nécessaires pour que la salle de shoot soit acceptée dans le 4e arrondissement, les premiers élus à en avoir parlé ont pris la parole à la fin des années 1990. À cette époque, l'idée avait été abandonnée.

C'est en 2019 que l'idée a refait surface. Une salle de consommation est sur le point d'être aménagée dans le 5e arrondissement à l'intérieur de l'hôpital de la Conception, mais Jean-Claude Gaudin avait finalement renoncé au projet en conseil municipal.

Enfin, au début de l'année, cette fameuse salle devait être construite autour de la gare Saint-Charles dans le 1er arrondissement. Pourtant, la maire de secteur s'y était opposée. "Si c'était quelque chose de magnifique qui apportait vraiment un plus dans le secteur, Sophie Camard l'aurait accepté puisqu'elle fait partie de la majorité municipale", a par ailleurs estimé Bruno Gilles.

L'ouverture de la salle de shoot avenue de la Libération est quant à elle attendue pour le début de l'année 2024.

Jean Lazuech, Marie Roux et Juliette Moreau Alvarez