BFM Marseille
Marseille

Marseille commémore les 80 ans de la rafle du Vieux-Port, "les jours les plus sombres de son histoire"

Une enquête a été ouverte pour "crimes contre l'humanité" en 2019 pour retrouver d'éventuels responsables encore en vie de la rafle du Vieux-Port.

Un triste anniversaire. Du 22 au 24 janvier, la ville de Marseille commémore les 80 ans de la rafle du Vieux-Port. Moins connue que celle du Vel d'Hiv, elle a entraîné le déplacement de 20.000 personnes des quartiers du Vieux-Port.

Plusieurs hommages rendus par la municipalité

Benoît Payan a annoncé un parcours commémoratif qui "prendra place dans des lieux martyres de la Ville". Ce dimanche, le maire de Marseille a rendu hommage aux 20.000 Marseillais.

Le 22 janvier 1943 commençait l’opération SULTAN qui pendant 3 jours fera vivre à Marseille les jours les plus sombres de son histoire. C’est notre histoire, celle de la France, qui doit trouver sa place dans le récit de la Seconde Guerre mondiale", a-t-il écrit sur Twitter.

14 hectares et 1.500 immeubles détruits

Cette histoire "tragique" commence avant 1942 et l'arrivée des troupes allemandes dans la cité phocéenne en 1942. Pour Judith Aziza, docteure en histoire et auteure de quatre livres sur l'histoire de Marseille, la mairie de Marseille souhaitait détruire les quartiers du Port depuis plusieurs années afin de les réaménager.

Après l'arrivée des troupes allemandes, celles-ci sont prises pour cibles par les membres de la Résistance. Les autorités françaises en profitent alors pour demander un "nettoyage" de ces quartiers populaires. Au total, "14 hectares autour du Place Villeneuve-Bargemon" sont visés, souligne Judith Aziza sur BFM Marseille Provence.

782 personnes envoyées dans les camps de la mort

Comme le souligne cette spécialiste de l'Histoire marseillaise, "ce sont les Français qui ont organisé cette rafle" qui a commencé par un recensement de la population juive de Marseille auprès de la Préfecture.

"Les gendarmes sont allés taper à toutes les portes où ils allaient trouver des Juifs pour les faire sortir et ont emmené une partie aux Beaumettes", raconte Judith Aziza.

Parmi les 20.000 déportées, 782 Juifs sont envoyés dans les camps de la mort à Sobibor en Pologne. Selon Judith Aziza, "aucun n'en est revenu". 14.000 autres personnes ont, elles, été envoyées dans un camp militaire à Fréjus.

En 2019, la Justice française a ouvert une enquête pour "crime contre l'humanité". Une décision saluée par l'auteure spécialisée sur Marseille qui affirme "qu'il n'est jamais trop tard pour réparer une injustice".

Thibault Nadal