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Marignane: la ville veut déployer des bombes lacrymogènes dans les écoles, les parents choqués

Le maire de Marignane veut équiper les professeurs des écoles communales en bombes lacrymogènes. Les parents d'élèves dénoncent un discours haineux et ont peur des répercussions sur leurs enfants.

C'était l'une des promesses d'Éric Le Dissès, maire de Marignane, lors de la cérémonie des vœux pour la nouvelle année. La ville des Bouches-du-Rhône veut équiper les professeurs des écoles de la commune de bombes lacrymogènes pour que ces derniers puissent se défendre en cas de besoin.

La municipalité veut également les équiper en alarmes sous forme de colliers et bracelets en cas d'intrusion dans les établissements, ou d'attaque terroriste. Une première en France qui choque vivement les parents d'élèves, qui dénoncent une dérive et s'inquiètent de la sécurité de leurs enfants.

Selon le maire de Marignagne, sur BFMTV, "un enseignant sur deux" aurait déjà demandé à être équipé, déclarant que le projet est "sérieux et déjà budgétisé".

"Si on était aux États-Unis, ce serait des armes à feu qu'on distribuerait?"

"De quelle manière elles vont être utilisées? Est-ce que les professeurs ou les employés qui travaillent dans les écoles sont formés pour cela? Cela peut créer des incidents. Sont-ils vraiment en sécurité avec des bombes lacrymogènes?", s'interroge, au micro de BFM Marseille Provence, Sonia Ruiz, porte-parole du collectif Parents solidaires des Bouches-du-Rhône.

"L'inspecteur d'académie s'est opposé à la distribution de ces dispositifs. On se pose la question: si on était aux États-Unis, ce serait des armes à feu qu'on distribuerait aux enseignants?", abonde Monia Haddaoui, élue CGT Éducation dans le département.

Selon le collectif des Parents solidaires des Bouches-du-Rhône, le maire compte surtout se défendre contre "des délinquants maghrébins", ce que la ville dément. Les commandes de bombes lacrymogènes ont déjà été passées. Le collectif, lui, a adressé un courrier au Premier ministre Gabriel Attal, pour dénoncer les "dérives extrêmes du maire de Marignane".

"Je suis persuadé qu'on y viendra, en France, à s'armer comme dans d'autres pays, a déclaré Eric Le Dissès sur BFMTV. [...] Vous verrez qu'un jour ou l’autre on y arrivera, c'est une certitude."

Contactée, la préfète de police des Bouches-du-Rhône indique renvoyer le maire de Marignane à l'utilisation de dispositifs "qui relèvent de (ses) seules compétences" et qui ne sont actuellement pas mis en œuvre dans la commune.

Auprès du maire, elle pointe du doigt la diminution du nombre de policiers municipaux, l'absence de mise en place d'un conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance et propose aussi la création d'une cellule municipale d'échange sur la radicalisation.

Fabio Marletta avec Fanny Rocher