BFM Marseille
Marseille

"Ils voulaient me tuer": piégé sur Internet, un jeune homme victime d'une embuscade homophobe à Marseille

Chris Levoisain a été victime, la semaine dernière, d'une agression homophobe dans le quartier de l'Estaque. Il raconte ce qu'il lui est arrivé sur ses réseaux sociaux et à BFMTV.com.

"Leur but, c'était de me tuer". Sur son compte Instagram, Chris Levoisain, raconte avoir été victime la semaine dernière d'une agression homophobe, dans le quartier de l'Estaque à Marseille.

"Il m'a amadoué"

Victime d'une embuscade, l'homme avait dans un premier temps parlé avec un garçon sur le site de tchat "Coco.fr".

"Il avait une voix très gentille, on a eu un appel, des photos, des vidéos... Je dirais pas qu'il m'a mis en confiance, il m'a amadoué, j'étais son véritable appât", explique le jeune homme à BFMTV.com

Chris décide d'aller le rejoindre en scooter à l'endroit où ils se sont donnés rendez-vous. Sans le savoir, il se dirige droit vers un guet-apens.

"À 500 mètres de l'adresse, au loin, il y avait une voiture, une Audi. Ils étaient trois dedans, ils ont dit: "ah il est là", j'ai pas trop compris. Je les ai vus arriver à vive allure sur moi. J'ai vite bifurqué, mais ils m'ont foncé dessus côté gauche avant du scooter. Je me suis enfoncé dans un muret, mes genoux ont tapé fort contre le scooter", témoigne avec horreur, Chris Levoisain.

"J'étais leur jouet un peu parce qu'ils étaient trois", se désole le jeune homme.

"Ils voulaient me faire du mal"

Chris Levoisain fait demi-tour et regarde ses agresseurs. "Ils rigolaient, ils ont redémarré et ils m'ont refoncé dessus. Par chance, il y avait des voitures garées et entre deux voitures, avant qu'ils me percutent, j'ai sauté alors que le scooter était en marche", se souvient-il.

Il se met alors à courir pour "sauver" sa vie. Il se réfugie dans un tunnel et appelle la police. "Ils ne comprenaient rien, mais je leur disais: 'vous comprenez pas là, je dois sauver ma vie, ils veulent me tuer'. Leur but c'était de me tuer, parce que quand j'étais caché le mec par Snap, il me parlait et il voulait à tout prix savoir où j'étais, que je lui envoie la photo d'où j'étais. Ils ne voulaient pas me voler mon scooter, ce qu'ils voulaient c'était me faire du mal".

Les policiers expliquent alors à Chris qu'ils vont venir "mais ils ne savent pas dans combien de temps".

Ce dernier appelle alors son oncle qui est policier. Ce dernier le rejoint et l'accompagne sur les lieux, mais sur place aucune trace de son scooter, ni de ses agresseurs.

"C'est un site extrêmement dangereux"

Si le jeune homme a décidé de prendre la parole sur ses réseaux sociaux, c'est pour alerter sur le site de tchat Coco. "Je parle parce que je viens de tomber sur un article sur un homme qui vient de se faire agresser aussi sur Coco. Coco, c'est un site extrêmement dangereux. Il y a des malades', fustige-t-il. Il appelle à la suppression du site.

L'homme qui s'en sort avec des bleus sur les jambes et certaines contusions raconte avoir eu un sentiment de "honte".

"J'ai honte parce que je me dis que je ne suis pas normal. J'aurais dû ne pas être gay, hétérosexuel, mais c'est moi, je ne peux pas me mentir à moi-même et faire genre que je suis une autre personne. C'est pas possible. Et aujourd'hui, ça m'est arrivé, demain ça arrivera à un autre."

Il s'adresse aux prochaines victimes: "faites attention et n'allez pas dans des endroits que vous ne connaissez pas".

Depuis sa vidéo sur les réseaux sociaux, il a reçu beaucoup de témoignages similaires à son histoire. "On est en France et en 2023 ça existe. Ces personnes-là sont encore sur ce site et sont encore en train d'amadouer quelqu'un", s'attriste Chris.

Les atteintes envers les personnes LGBT+ ont augmenté de 3% en 2022 par rapport à 2021, avec plus de 4000 faits enregistrés, en majorité des diffamations ou injures, selon une étude publiée en mai 2023, par le service statistique du ministère de l'Intérieur.

Solenne Bertrand avec Alicia Foricher