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Ex-policier devenu marchand de sommeil: un procès emblématique de l'habitat indigne à Marseille

En tout, en son nom propre ou via des sociétés civiles immobilières (SCI), Gérard Gallas, 50 ans, possédait une centaine d'appartements à Marseille. Il est jugé à partir de ce lundi 13 novembre devant le tribunal correctionnel de la cité phocéenne.

Avec l'affaire Gérard Gallas, ex-policier devenu marchand de sommeil, c'est un procès emblématique de la lutte contre l'habitat indigne qui s'est ouvert lundi 13 novembre à Marseille, cinq ans après le choc de la rue d'Aubagne et ses huit morts dans l'effondrement d'un immeuble insalubre.

Toiture dangereuse, infiltrations d'eau, installations électriques non conformes, pièces sans ouverture, absence d'eau chaude ou de chauffage, présence de nuisibles... L'ancien policier, qui avait travaillé dans un centre de rétention administrative, est accusé d'avoir soumis les occupants de ces logements à "des conditions d'hébergement incompatibles avec la dignité humaine" et de "mise en danger de la vie d'autrui".

Ces logements étaient occupés par des étrangers, sans-papiers ou demandeurs d'asile, en famille, avec souvent des enfants mineurs. Plusieurs de ces locataires se sont constitués parties civiles et devraient témoigner par le truchement d'interprètes.

Si l'ancien policier était bien présent lundi à l'ouverture du procès, son coprévenu, Faissoili Aliani, 34 ans, présenté par l'accusation comme son "gestionnaire" et son homme de main, chargé de percevoir les loyers, était lui aux abonnés absents, faute d'avoir été retrouvé à son dernier domicile connu.

Les deux hommes encourent 10 ans d'emprisonnement et 300.000 euros d'amende.

Une centaine d'appartements

Pour Me Jorge Mendes, avocat de la ville de Marseille, qui s'est constituée partie civile, il s'agit d'un "procès emblématique de l'habitat indigne par l'ampleur du parc immobilier concerné".

"C'était tout ce qu'on peut imaginer de pire", accuse Me Mendes, évoquant "des pièces de 5-6 m2, parfois sans ouverture", avec des "toilettes communes sans eau et des rats dans les toilettes", louées "au prix du marché, jusqu'à 600 euros".

En tout, en son nom propre ou via des sociétés civiles immobilières (SCI), Gérard Gallas, 50 ans, possédait une centaine d'appartements à Marseille et dans ses environs, dans une dizaine d'immeubles. Mais seuls quatre de ces bâtiments situés dans les quartiers populaires du nord de la ville lui valent d'être jugé, jusqu'à jeudi.

L'enquête avait démarré après le déclenchement d'un incendie dans l'un des immeubles visés par la procédure. Les enquêteurs avaient alors découvert des appartements insalubres, aménagés y compris dans les caves.

Marseille, grande ville la plus pauvre de France, compte 40.000 taudis, et autant de personnes en attente de logement social.

Élu maire de la ville en juin 2020, à la tête d'une large alliance de gauche, Benoît Payan a répété vouloir "que les marchands de sommeil ne dorment plus". À l'occasion du cinquième anniversaire du drame de la rue d'Aubagne, il a appelé à légiférer pour reconnaître le délit de "marchand de sommeil" et renforcer les sanctions pénales à leur encontre.

A. La. avec AFP