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Essais cliniques "sauvages": une perquisition menée à l'IHU de Marseille

L'Institut IHU Méditerranée Infection à Marseille, le 26 février 2020

L'Institut IHU Méditerranée Infection à Marseille, le 26 février 2020 - GERARD JULIEN © 2019 AFP

Les gendarmes ont mené une perquisition afin de saisir plusieurs document liés aux essais cliniques sauvages.

Depuis 8h30 ce mercredi matin, une perquisition des gendarmes est en cours à l'Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection (IHU) de Marseille, a appris BFM Marseille Provence confirmant une information de La Provence. Cette perquisition s’inscrit dans le cadre de l’enquête ouverte à la suite des conclusions de l’IGAS sur les pratiques de l’IHU.

"Cette information judiciaire n’englobe pas les faits relatifs à la prise en charge thérapeutique de la tuberculose et de la Covid-19, évoqués par la mission d’inspection IGAS-IGESR comme susceptibles de constituer des faits de recherches cliniques non autorisés. Ces faits font l’objet d’une analyse complémentaire en cours par le parquet de Marseille", indique le parquet dans un communiqué.

L'IHU a précisé auprès de BFM Marseille Provence que "tout se passe bien" et que les services de l'institut collaborent pleinement avec les enquêteurs.

"La justice suit son cours"

Interpellé sur "une inertie des pouvoirs publics" par Bernard Jomier (écologiste, apparenté PS) au Sénat, le ministre de la Santé François Braun a répondu que "la justice est en train de suivre son cours", relate l'AFP.

"Immédiatement" après un rapport (Igas/Igesr) épinglant des "pratiques aussi bien managériales que de suivi des études cliniques inappropriées voire déviantes", le gouvernement a saisi le parquet de Marseille en septembre, puis réclamé un "plan de redressement" à la nouvelle direction et aux administrateurs, a-t-il aussi plaidé.

Il a déploré "un nouvel épisode inadmissible de cette affaire" avec une étude cosignée par Didier Raoult, portant sur plus de 30.000 patients soignés à l'IHU pendant deux ans et dénoncée dimanche par seize sociétés savantes comme un essai thérapeutique "sauvage".

"Il n'y a jamais eu d'essais thérapeutiques" assure Raoult

Ce dimanche, de nombreux médecins ont signé une tribune dans Le Monde dénonçant une étude portant sur l'administration d'hydroxychloroquine à 30.000 patients de l'IHU lorsque Didier Raoult en était le directeur. Ils estiment que les auteurs de l'IHU ont mené un "essai thérapeutique 'sauvage'" et n'ont pas respecté le cadre réglementaire et éthique qui entoure ce type d'opération.

Cette étude démontrait que l'hydroxychloroquine "prescrite précocement ou tardivement protège en partie des décès liés au COVID-19".

Les signataires de la tribune condamnent des "prescriptions systématiques" d'hydroxychloroquine et d'azithromycine à l'IHU de Marseille, qui ont été "réalisées en dehors de toute autorisation de mise sur le marché, mais aussi en dehors de tout cadre éthique ou juridique, en s’appuyant largement sur des méthodes de surveillance et d’évaluation des patients par PCR répétées, sans justification médicale".

Didier Raoult a quant à lui fustigé une "tribune d'imbéciles" auprès de Franceinfo et a assuré sur BFMTV qu'il "n'y a jamais eu d'essais thérapeutiques", seulement une "étude observationnelle".

Julien Desvages avec J. M. A.