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Escroquerie aux fournisseurs: 4 à 6 ans de prison requis contre les principaux protagonistes à Marseille

Le symbole de la justice (image illustration).

Le symbole de la justice (image illustration). - - Ashraf Shazly / AFP

Le jugement a été mis en délibéré au 11 décembre prochain. Dans cette affaire, 15 personnes sont poursuivies pour des escroqueries aux fournisseurs.

Des peines de quatre à six ans d'emprisonnement ont été requises mercredi à Marseille à l'encontre des quatre protagonistes présumés d'une vaste escroquerie aux fournisseurs aux ramifications internationales opérée à partir d'un centre d'appel en Israël.

La peine la plus sévère, avec en prime une amende de 300.000 euros, a été demandée pour Alain Lasserie et Stéphane Benhamou, présentés comme deux "têtes pensantes" du réseau. Contre Wilfried El Baze, lui aussi poursuivi pour escroquerie en bande organisée, qui aurait eu une "implication temporellement moindre", ce sont quatre années de prison et une amende de 150.000 euros qui ont été requises.

Les trois absents au procès, des demandes de mandat d'arrêt effectuées

Contre ces trois prévenus, absents à leur procès, le magistrat a réitéré des demandes de mandat d'arrêt. Leurs dernières adresses connues se trouvaient en Israël.Deux derniers prévenus étaient poursuivis pour escroquerie en bande organisée.

Concernant Emmanuel Fitoussi, 44 ans, déjà condamné à Marseille et Bordeaux pour des faits similaires, il a requis cinq ans d'emprisonnement et 50.000 euros d'amende, estimant qu'il avait bien été un rouage important de cette arnaque. De même le magistrat s'est prononcé contre la confusion de la peine avec celle que ce prévenu purge déjà à Paris, pour sa condamnation à Marseille, lui reprochant de se "cacher derrière la fable de l'employé du call center".

Enfin ce sont 18 mois de prison avec sursis et 10.000 euros d'amende qui ont été demandés pour Gilles Moore, sur le compte duquel une victime avait versé pour plus de 94.000 euros de chèque après avoir été abusée par M. Fitoussi, qui avait pris la fausse qualité de représentant de la Commission paritaire des publications et agences de presse.

15 personnes poursuivies dans l'affaire

L'essentiel des fais jugés depuis lundi dans cette vaste arnaque internationale remonte à 2015-2016. Des entreprises françaises étaient contactées par téléphone ou par mail par un arnaqueur, qui se faisait passer pour un fournisseur et expliquait avoir changé de RIB. Les vraies factures étaient ensuite réglées sur ces faux comptes, en Espagne, Roumanie, Bulgarie, Pologne ou Hong-Kong.

Pour les enquêteurs, le mode opératoire, très au point, impliquait une bonne connaissance de la société visée. Pour cela, les escrocs appelaient d'abord les vrais fournisseurs, en se faisant passer pour leurs clients, afin de connaître le montant des factures venant à échéance, avant d'endosser le rôle inverse.

Au total 15 personnes sont poursuivies dans ce dossier et dix-sept entités se sont portées parties civiles. Un bon nombre de prévenus n'étaient cependant que "des petites mains", poursuivies pour complicité d'escroquerie et blanchiment, voire uniquement blanchiment.

Contre les premiers, il a requis de 18 mois à deux ans de prison, assortis de sursis ou aménagés en détention à domicile, avec des amendes de 10.000 à 25.000 euros. Pour les moins impliqués, un an d'emprisonnement avec sursis et 5.000 euros d'amende.

Le jugement mis en délibéré au 11 décembre

Les avocats de ces seconds couteaux, sur les comptes desquels transitait l'argent détourné, ont généralement plaidé l'ignorance de la nature délictueuse de leurs actions. En remettant leur RIB, ils acceptaient seulement de "rendre service" à une connaissance -Emmanuel Fitoussi apparaissant souvent en bout de chaîne de la demande-, et ils se seraient retrouvés dépassés par ces virements inattendus, voire menacés s'ils voulaient y mettre un terme.

"Dans une arnaque aussi sophistiquée, si un nom ou un RIB sort, ce n'est certainement pas celui des auteurs", a plaidé Me Karine Benavada, conseil de Gilles Moore.

"Si on a laissé son nom et son RIB, c'est que c'est un fusible, (...) qui va être sacrifié", a-t-elle lancé, dépeignant son client comme "le pigeon idéal", "idiot", fumant, en Israël où cela est permis, quinze joints de cannabis thérapeutique par jour depuis 15 ans.

Le procès doit s'achever jeudi avec la plaidoirie des avocats d'Emmanuel Fitoussi.Le jugement a d'ores et déjà été mis en délibéré, au 11 décembre.

Martin Regley avec AFP Journaliste