BFM Marseille
Marseille

"Ces gens font des ravages": le maire de Marseille, Benoît Payan, durcit le ton contre les marchands de sommeil

Dans un entretien accordé à trois médias dont l'Agence France-Presse, ce dimanche, Benoît Payan estime que la Cité phocéenne est "une ville où les marchands de sommeil ont prospéré".

Quatre ans après l'effondrement de deux immeubles rue d'Aubagne et à la veille d'États généraux du logement, le maire de Marseille Benoît Payan plaide pour un durcissement des sanctions contre les propriétaires louant à des prix souvent exorbitants des logements indignes.

Dans un entretien accordé à trois médias dont l'Agence France-Presse, l'édile PS estime que la cité phocéenne est "une ville où les marchands de sommeil ont prospéré":

"Moi, je veux que les marchands de sommeil ne dorment plus. Il faut que la peur change de camp. Je ne peux accepter que dans ma ville, il y ait des gens qui profitent de la misère. On a des loyers qui peuvent atteindre jusqu'à 800 euros par mois pour un 40 m2 avec du salpêtre sur les murs, des fils d'électricité dénudés."

Interdiction d'acheter des logements pendant 30 ans

Pour Benoît Payan, "la justice et les services de l'Etat travaillent bien, mais il faut taper encore plus fort".

"Nous allons proposer une modification législative. Je souhaite que les marchands de sommeil soient frappés d'une interdiction d'acheter des logements pendant 30 ans et non pas seulement 10 ans", a-t-il poursuivi.

Selon lui, il faut également "monter respectivement de trois à sept ans de prison et de 100.000 à 300.000 euros les peines prévues dans le code de la construction pour les propriétaires refusant les travaux et ceux continuant à percevoir un loyer après un arrêté de péril ou d'insalubrité".

La loi doit également obliger "les syndics à signaler de manière systématique aux autorités la présence de marchands de sommeil", car "ces gens font des ravages":

"Ce ne sont pas juste des propriétaires négligents, ce sont des délinquants, parfois des criminels."

Il souhaite, enfin, que la loi sur les copropriétés soit modifiée, afin de pouvoir exproprier les marchands de sommeil.

"On a un taux de pauvreté à 25%"

Concernant les États généraux du logement, le maire de Marseille affirme que la question du logement est "centrale", car il existe "40.000 logements indignes dans cette ville".

Avant de poursuivre: "On a un taux de pauvreté à 25%, on a 14.000 personnes dépourvues de solution logement! Ce chiffre est océanique! Sept Marseillais sur dix sont éligibles au logement social et aujourd'hui 40.000 personnes sont en attente." Benoît Payan dénonce également le fait que "100.000 personnes vivent dans des passoires énergétiques".

"C'est inacceptable. C'est dans cette situation qu'on a décidé de convoquer ces états généraux."

"L'idée est de mettre ensemble toute la chaîne, du propriétaire au locataire en passant par le promoteur, le bailleur, la chaîne pénale, les collectivités, pour sortir avec des propositions concrètes", conclue-t-il.

C.Bo. avec AFP