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Ce que l'on sait sur l'affaire du cardinal Ricard, mis en cause pour des abus sexuels

L'homme de foi a avoué s'être conduit de "façon répréhensible" en 1987 avec une jeune fille de 14 ans alors qu'il officiait à Marseille. Une enquête est ouverte.

Le cardinal Ricard fait partie des onze évêques ou anciens évêques qui ont été "mis en cause" devant la justice civile ou la justice de l'Église. L'homme de foi a fait des aveux concernant des actions qu'il juge de "répréhensibles" avec une jeune fille de 14 ans lorsqu'il officiait à Marseille, à la paroisse Sainte-Marguerite.

· Des aveux du cardinal

Le cardinal Jean-Pierre Ricard, ex-évêque de Bordeaux en retraite depuis 2019 dans un presbytère des Alpes-de-Haute-Provence, a provoqué un nouveau séisme dans l'Église après des aveux lorsqu'il était en office à Marseille en 1987.

"Il y a 35 ans, alors que j'étais curé, je me suis conduit de façon répréhensible avec une jeune fille de 14 ans. Mon comportement a nécessairement causé chez cette personne des conséquences graves et durables", a écrit le cardinal, aujourd'hui âgé de 78 ans, sans donner plus de détail sur les faits dont il s'incrimine.

Jean-Pierre Ricard y indique se mettre à la disposition de "la justice de la société et de l'Église". À la suite de ses aveux, le cardinal Jean-Pierre Ricard a annoncé qu'il quittait le presbytère de Peyruis.

Sa lettre a été lue ce lundi lors de la Conférence des évêques de France, à Lourdes, par le président Éric de Moulins-Beaufort.

· Une enquête ouverte par le parquet de Marseille

Les faits sont vraisemblablement prescrits mais la justice a quand même ouvert une enquête préliminaire, premier stade d'une enquête pénale destinée à éclairer le ministère public sur le bien-fondé d'une éventuelle poursuite.

Elle devra établir la commission ou la tentative de commission d'une infraction pénale. Elle pourra aboutir à l'ouverture d'une information judiciaire et à la nomination d'un juge d'instruction si des faits sont avérés et non-prescrits, ou à un classement sans suite dans le cas contraire. En l'espèce, cette enquête devra notamment déterminer s'il y a d'autres éventuelles victimes du cardinal.

· L'évêque de Nice avait saisi la justice dès octobre

Selon le parquet de Marseille, l'évêque de Nice, Jean-Philippe Nault, avait été saisi du cas du cardinal Ricard lorsqu'il était évêque de Digne-les-Bains en février dernier. Ce sont les parents de la victime qui l'ont contacté au moment de la désignation de Jean-Pierre Ricard pour "diligenter une enquête sur les foyers d'accueil".

Ce courrier a poussé le cardinal à passer aux aveux. Il aurait ainsi reconnu après de l'évêque de Nice avoir "embrassé" la fille de ce couple, âgée de 14 ans, il y a plus de 40 ans dont il aurait célébré le mariage religieux.

L'évêque de Nice a fait un signalement à la justice le 24 octobre. Un signalement tardif car il aurait appris "plus tardivement" la minorité de la jeune fille, selon la procureure de la République.

· Un "traumatisme extrêmement fort"

Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France, s'est entretenue avec la femme, aujourd'hui âgée d'une cinquantaine d'années, qui affirme avoir été la victime du cardinal. Elle souligne, auprès de France Inter, qu'il "minimise" ce qu'il s'est passé.

Selon la religieuse, la victime a décidé de témoigner lors de la nomination du cardinal comme délégué pontifical pour des Foyers de charité, une communauté nouvelle où il y a eu un certain nombre d'agressions sexuelles. Une nomination "insupportable" pour la victime qui raconte auprès de Véronique Margron les faits dans un cadre "proche familial" car "c'était un ami de la famille".

"Le traumatisme qu’elle a vécu est extrêmement fort et a été d’une grande violence", rapporte la soeur toujours chez France Inter.

· La paroisse Sainte-Marguerite va prier pour la victime

Les faits rapportés ont eu lieu lorsque Jean-Pierre Ricard était curé de la paroisse Sainte-Marguerite à Marseille, dans le 9e arrondissement. L'actuel prêtre, Nicolas Lubrano, a réagi à cette annonce auprès de BFM Marseille Provence: "Il a fait beaucoup de bien en tant que curé ici à Marseille. Ce qui me déçoit le plus c'est qu'on va caractériser sa vie à ce geste qui n'est pas beau à voir ni à entendre."

"Un geste difficile pour toute l'Église", ajoute le prêtre. Il se "mettra à genoux" aux pieds de la croix avec toute la paroisse ce dimanche pour "demander pardon" et prier pour la victime.

Juliette Vignaud