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"C'est la débrouille": un multipropriétaire d'Airbnb marseillais épinglé

Marseille (illustration)

Marseille (illustration) - AFP

Le propriétaire marseillais d'un immeuble de 14 chambres les loue 50 euros en moyenne la nuit. Selon l'émission Complément d'enquête, il ne les aurait pas déclarées auprès de la mairie, et ne respecterait pas la règle dite de compensation.

Marseille est la ville qui compte le plus d'annonces sur Airbnb après Paris: 11.800 meublés de tourisme étaient officiellement répertoriés en 2022. Des investisseurs achètent même à bas prix des immeubles déclarés insalubres et ne relogent pas les locataires après travaux, au mépris de la loi. C'est le cas d'un bâtiment de la cité phocéenne où vivaient auparavant six familles, affirme Complément d'enquête, dans son dernier numéro. Désormais, 14 chambres sont disponibles à la location sur Airbnb.

L'émission a retrouvé le propriétaire. Âgé de 45 ans, cet investisseur est chirurgien dans une clinique privée. Sur la porte de son immeuble, la phrase "tueur de quartier" est inscrite en lettres bleues. "C'est moi le tueur de quartier. Derrière il y a écrit 'grosse merde'. On se fait un peu chahuter", commente-t-il en souriant.

Le propriétaire loue ses chambres 50 euros la nuit en moyenne. "Il y a tout le confort. On a mis la clim réversible. Un lit deux places. C'est très simple, c'est de l'habitat fonctionnel", explique-t-il en montrant ses locations. Avant d'affirmer: "L'offre Airbnb marche bien car Marseille est une ville touristique, qui attire, vivante."

Si cet investisseur est satisfait, il est néanmoins en dehors des règles assure Complément d'enquête. Selon la mairie, il n'aurait pas déclaré ses 14 chambres de tourisme, et ne respecterait pas la règle dite de compensation. À Marseille, pour avoir le droit de louer tout cet immeuble en meublé de courte durée, il doit aussi créer l'équivalent de la même surface en location classique. Ce qui ne serait pas son cas.

"Est-ce que j'ai tué quelqu'un?"

Avant de rencontrer ce propriétaire marseillais, la journaliste de Complément d'enquête l'avait appelé en se faisant passer pour une étudiante à la recherche d'un bien à louer. Il lui avait alors répondu faire "du tourisme courte durée en coliving, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de cuisine dans la chambre".

Confronté à ses propos, le chirurgien répond que "tout le monde" lui a dit: "C'est Marseille bébé!" "C'est-à-dire qu'on doit se débrouiller, explicite-t-il. Encore une fois, c'est un flagrant délit d'illégalité. Mais est-ce que j'ai tué quelqu'un?On se démerde, on se débrouille. Je n'empoisonne personne? Je ne viole personne?"

Confronté à ses propos, le chirurgien répond que "tout le monde" lui a dit: "C'est Marseille bébé!" "C'est-à-dire qu'on doit se débrouiller, explicite-t-il. Encore une fois, c'est un flagrant délit d'illégalité. Mais est-ce que j'ai tué quelqu'un? On se démerde, on se débrouille. Je n'empoisonne personne? Je ne viole personne?"

S'il reconnaît qu'être dans "la légalité" est "fondamental", il souligne que cette initiative "est très loin d'être lucrative" et qu'il n'a pas encore été contacté par l'État.

Clément Boutin Journaliste BFMTV