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"C’est à l’abandon": les habitants du parc Kalliste à Marseille en colère après la mort d'un enfant dans un incendie

Un enfant est mort dans l'incendie d'un immeuble du parc Kalliste à Marseille ce mardi 30 janvier. Ce drame suscite la colère des riverains.

Le pire aurait-il pu être évité? Le parc Kalliste a connu un véritable drame dans la nuit du lundi 29 au mardi 30 janvier à Marseille. Un incendie s’est déclaré aux alentours de 4h40 dans l’appartement d’un des immeubles du quartier. Le bilan est lourd. Un enfant de sept est mort intoxiqué. Huit personnes ont été transportées, blessées, à l’hôpital dont des enfants de 4, 5, 7 et 14 ans en urgence absolue.

"J'entendais des cris"

Quelques heures après le drame, les images ne s’effacent pas. "J’entendais des cris, rapporte Fatima à BFM Marseille Provence. Je me suis mise à la fenêtre et j’ai vu les flammes." Et d’ajouter: "J’ai vu le monsieur sauter par la fenêtre."

Les visites de politiques n’atténuent pas non plus la colère. Dorsaf, une habitante du parc Kalliste, se dit fatiguée par la situation pourtant dénoncée auprès de la ville.

"Le syndicat ne vient jamais, il n’y a rien qui est fait, affirme-t-elle. C’est à l’abandon. Il faut voir l’état des bâtiments à l’intérieur." Dans ces immeubles, "il y a des choses qui sont dégradées, fissurées", alerte-t-elle.

Si les enquêteurs sont à la recherche des causes de cet incendie, Dorsaf pointe un problème électrique. "L’électricité, ce n’est pas la première fois surtout dans ce bâtiment", rapporte-t-elle. "C’est déjà arrivé au premier étage".

"Il y a beaucoup de piratages sauvages"

Patrick, membre du syndic général du parc Kalliste, confirme. "Il y a eu un feu il y a quelques mois, rapporte-t-il sur BFM Marseille Provence. Il y a beaucoup de piratages sauvages."

Patrick réside au parc Kalliste. Il a signalé à plusieurs reprises les dysfonctionnements au sein des bâtiments sans retour notable. "On est à la dixième procédure avec la ville de Marseille", rapporte-t-il.

"Il s'agit d'un drame humain, certes, mais au niveau sanitaire c'est une catastrophe, poursuit Patrick. Au niveau des punaises de lit et des maladies. On a des maladies qui n'existent plus normalement à l'heure actuelle."

Ces situations, Patrick ne peut les dénoncer auprès des bailleurs. "Soit vous avez des vendeurs de sommeil soit vous avez des personnes (...) qu'on ne peut souvent pas avoir car elles sont à l'étranger avec des numéros et des adresses qui ne correspondent à personne."

Ce mardi matin, la visite de Benoît Payan a renforcé sa colère. "Ça me laisse perplexe et je me permettrais d’en sourire quand Benoît Payan se permet de dire que ce bâtiment est en relativement bon état, s’agace-t-il. C’est une catastrophe."

Patrick dresse un état des lieux bien plus préoccupant à Kalliste. "Ces bâtiments étaient squattés, resquattés", affirme le membre du syndic.

Ces squatteurs iraient jusqu’à se brancher sur les câbles électriques des immeubles. "C’est du piratage au niveau de l’électricité, même sur les cages d’ascenseur (...) détaille-t-il. Ça fait des années qu’on le dénonce."

Selon Patrick, le squat est légion dans ce quartier du 15e arrondissement. Quant aux origines de l’incendie mortel survenu dans la nuit, "personne ne sait pourquoi, car personne ne sait qui il y avait, combien de personne", s’agace Patrick. "On ne sait jamais, car c’est squatté en permanence."

"Notre quartier tombe en lambeaux"

Lui et l’ensemble des habitants assistent impuissants aux dégradations et désormais à la mort. "Notre quartier tombe en lambeaux, c’est dramatique", souffle-t-il.

Sa colère, Sébastien Delogu, député LFI des Bouches-du-Rhône, l’a exprimée ce mardi matin. Alors en déplacement sur les lieux, l’élu a pointé du doigt les problèmes de mal-logement à Marseille.

"Un appartement squatté ou non, c’est quand même un enfant de sept ans qui aujourd’hui est décédé, note le député LFI. Et qui peut-être, aurait pu être relogé s’il y avait eu assez de constructions de logements sociaux." Et de conclure: "S’il y avait eu la rénovation de toutes ces copropriétés ultra dégradées, peut-être que ça n’aurait pas eu lieu."

Mohamed Benmeddour, éducateur et médiateur dans les quartiers nord de Marseille, connaît bien le parc Kalliste. "Ce n'est pas d'hier que cette situation existe, ça perdure depuis des années", souffle l'homme, fatigué par le bal des politiques après l'incendie.

"J'en ai marre de voir des élus venir verser des larmes de crocodile sur des scènes de drame alors qu'ils connaissent la situation de ces quartiers depuis des années", s'agace l'éducateur et médiateur.

"Les bâtiments sont vraiment dans un sale état", affirme Mohamed Benmeddour. "C'est un quartier qu'il faut, pardonnez-moi le terme, raser, conclut-il. Il n'y a pas d'autre mot."

Charlotte Lesage