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Bouches-du-Rhône: un homme condamné à la perpétuité pour avoir tué son ex-compagne enceinte de huit mois

Les trois accusés vont être jugés devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône.

Les trois accusés vont être jugés devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône. - Street View

Face aux jurés, l'accusé a légitimé son acte, allant jusqu'à dire que "dans les mêmes conditions, si c'était à refaire, peut-être je le referai".

Pour ce qui est "bien plus qu'un féminicide", un homme de 35 ans a été condamné mercredi à Aix-en-Provence à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 22 ans pour l'assassinat à Marignane de son ex-compagne, alors enceinte de huit mois.

L'avocate générale Vinciane de Jongh avait requis la peine maximale, "le minimum à prononcer" selon elle, car en tuant l'enfant à naître de Chloé, 29 ans, l'accusé "a commis bien plus qu'un féminicide".

La future maman touchée de quatre balles

Le dimanche 4 août 2019, alors qu'elle venait récupérer leur fils âgé de sept ans, Ibrahima Ba, séparé de Chloé depuis six ans, s'était emparé d'une arme de poing dissimulée dans une bouche d'égout et avait tiré à quatre reprises sur la jeune femme de 29 ans.

Deux tirs dans le thorax, deux dans l'abdomen de la victime. Chloé aurait dû accoucher quelques semaines plus tard d'une petite Lynaïs, prénom choisi avec son nouveau compagnon.

"Nous sommes bien au-delà d'un féminicide. S'ajoute la manipulation perverse d'un enfant commun et la mort d'un enfant à venir. Lynaïs, ce n'est pas un foetus, c'est un enfant", a estimé l'avocate générale.

Confié à ses grands-parents maternels, le fils du couple ne se défait toujours pas d'un sentiment de culpabilité, a indiqué l'avocate de son administrateur ad hoc.

C'est par un dessin représentant sa mère avec un gros ventre que le petit garçon avait appris à son père la grossesse de son ex-compagne. "Quel chaos dans la tête de ce petit bonhomme qui se sent responsable de la mort de sa maman, a estimé Mme de Jongh. Il a tout perdu et il porte le fardeau d'une responsabilité: c'est parce que j'ai parlé que je n'ai plus de maman, plus de papa".

La cour a également prononcé le retrait total de l'autorité parentale.

Du côté des parties civiles, Me Bérangère Bernart a estimé que "ce n'est pas un coup de folie de monsieur Ba, mais un choix délibéré de priver leur fils de sa maman". A l'enfant, l'accusé avait annoncé qu'il allait aller en prison et que "c'est la faute de maman".

La grande froideur de l'accusé

Les débats devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône ont mis en lumière la grande froideur de l'accusé, son absence totale de remords. Face aux jurés, il a légitimé son acte, allant jusqu'à dire, "Dans les mêmes conditions, si c'était à refaire, peut-être je le referai".

Considérant qu'il avait averti son ex-compagne de ne pas refaire sa vie tant qu'elle s'occuperait de leur fils, Ibrahima Ba a estimé que Chloé et sa famille avaient une part de responsabilité.

Pour Mme de Jongh, cette attitude n'est pas sans rappeler ce lieu commun: "Bats ta femme ! Si tu ne sais pas pourquoi, elle, elle le sait".

Le conseil de monsieur Ba, Me Christophe Bass a souligné que l'accusé "est dans l'indifférence, dans le désintérêt de sa défense. Il ne voulait même pas venir, il l'a fait car je le lui ai demandé".

"Un paroxysme de colère"

L'avocat a évoqué "un paroxysme de colère". "Ca cogne dans sa tête, il a peur de perdre son fils, de se perdre en tant que père. Son obsession c'est: mon fils ne vivra pas avec un autre homme que moi, même si c'est complètement illégitime d'exiger que Chloé ne puisse pas refaire sa vie".

La défense n'a pas contesté la préméditation, mais pour Me Bass, la volonté de tirer dans l'abdomen pour tuer l'enfant à naître, après deux tirs dans le thorax de la victime au volant de son véhicule, n'est pas établie.

Une peine de dix-huit mois de prison, aménageable sous surveillance électronique, a été prononcée contre un second accusé, condamné pour abstention d'empêcher un crime.

Cet homme, qui fut le compagnon pendant huit ans de la soeur jumelle de la victime, avait déjà été condamné pour des violences conjugales sur une autre compagne. Il se défend d'avoir eu connaissance du projet criminel d'Ibrahima Ba.

A. La. avec AFP