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Vaulx-en-Velin: trois mois après l'incendie mortel, neuf familles toujours sans solution de relogement pérenne

Trois mois après l’incendie de Vaulx-en-Velin, neuf familles n’ont toujours pas de logement pérenne. Elles se sentent abandonnées par les pouvoirs publics.

Chaque soir, Nassibia Bacar dort par terre dans un appartement quasi vide. Cette mère de cinq enfants est l’une des sinistrés, et rescapés, de l’incendie mortel de l’immeuble de Vaulx-en-Velin. Trois mois après le drame, elle cherche, sans relâche, une solution d’hébergement pérenne.

Comme elle, huit familles attendent une proposition de relogement durable. En attendant, ces sinistrés s’adaptent aux logements qui leur sont proposé.

Nassibia Bacar a intégré un appartement de quatre chambres il y a maintenant trois semaines. Un espace assez spacieux pour accueillir sa tribu mais trop peu aménagé. Sans emploi, la mère de famille peine à meubler son nouvel espace de vie.

"Mes trois enfants dorment là", explique Nassibia Bacar à BFM Lyon en pointant du doigt une chambre qui accueille un lit double. Une literie que ses deux filles et son garçon partagent chaque nuit. Nassibia Bacar confie ne plus savoir vers qui se tourner pour demander de l’aide.

12 mètres carrés à deux

"J’appelle la mairie qui me dit d’appeler l’association. Quand j’appelle l’association, elle me dit de voir avec la mairie", souffle la mère de famille.

Comme l’ensemble des sinistrés, Omer a tout perdu dans la nuit du jeudi 15 au 16 décembre. Avant l’incendie, qui a fait dix morts dont quatre enfants, lui et son fils de 14 ans vivaient dans un T2 avec balcon.

Aujourd’hui, le père et l’adolescent partagent un 12 mètres carrés. A ce jour, la famille n’a pas reçu de meilleures propositions de relogement.

"Je me sens un peu abandonné, mis de côté, confie Omer. On a du mal à accepter, même si c’est dur pour l’instant on fait avec, mais jusqu’à quand…"

Ces sinistrés ont rejoint le collectif du 12 chemin des barques, qui fait écho à l’adresse de l’immeuble sinistré, pour y trouver un accompagnement dans leurs démarches. Aujourd’hui, leur avocat, Me Yves Hartemann, pointe les manquements des autorités.

"On se rend compte que, contrairement à ce qui est prévu dans les textes, l’organisation n’a pas été mise en place par les institutions, note l’avocat. Ce qui est dommage. Il a fallu que ce soit les victimes, accompagnées."

Me Yves Hartemann regrette "que les personnes qui avaient le pouvoir d’organiser ceci n’ont pas mis en place les structures adaptées".

De leur côté, la préfecture des Bouches-du-Rhône et la mairie de Vaulx-en-Velin affirment que la moitié des sinistrés ont obtenu une solution de relogement pérenne. La mairie précise avoir déboursé 90.000 euros pour les accompagner.

En janvier dernier, 18 familles étaient en attente

Après l’incendie, 38 familles, soit une centaine de personnes, avait quitté l'immeuble durement touché. Les sinistrés avaient été accueillis à l’internat d’un lycée professionnel de Villeurbanne le temps des vacances scolaires, soit 15 jours.

En janvier dernier, 18 familles étaient encore en attente de solution de relogement pérenne. Ces personnes avaient reçu des propositions d’hébergement inacceptables d’après Laetitia Berriguiga, présidente du Collectif 12 chemin des Barques.

"On a eu des propositions dans des allées tendues comme on dit, donc déjà infestées de squats, et des propositions de logements qui ne sont pas adaptés à la typologie des familles, donc des T3 pour des familles avec 4 enfants" avait-elle déclaré à BFM Lyon, ajoutant que les sinistrés étaient "prêts à faire tous les efforts nécessaires" pour retrouver un logement.

Lucie Nolorgues avec Charlotte Lesage