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Saint-Priest: l'État défavorable à la vente de tableaux pouvant rapporter plus de 10 millions d'euros

La commune souhaite mettre neuf œuvres aux enchères pour gonfler son budget dédié à la culture.

Tout ne s'est décidément pas passé comme prévu. Il y a environ un an, la municipalité de Saint-Priest (Rhône) affichait son désir de vendre aux enchères neuf œuvres d'art entreposées dans son Arthothèque.

Parmi elles, un tableau né des mains d'un artiste allemand, Gerhard Richter, valorisé à lui tout seul à dix millions d'euros. Une toile haute de 82 centimètres et large de 67 centimètres, nommée "Abstraktesbild 630-2", ce qui signifie "tableau abstrait" en allemand. Réalisée en 1987, elle avait été acquise par la commune il y a plus de 30 ans pour une somme beaucoup moins importante: 100.000 francs.

Mais au mois de septembre, la mairie s'est heurtée à l'avis négatif rendu par l'État. "La commission a statué: ces œuvres ne pourront pas être déclassées, conformément au décret du 23 juillet 2021", a indiqué la préfecture au Progrès, en référence au déclassement du domaine public préalable à une vente desdites œuvres.

"Il y a certainement moyen de trouver un compromis"

Gilles Gascon, maire Les Républicains de Saint-Priest, ne perd pas espoir pour autant. "Je pense qu'entre gens raisonnables, il y a certainement moyen de trouver un compromis, assure-t-il au micro de BFM Lyon. Moi, j'ai laissé les portes ouvertes. Eux sont sensibles à la négociation. L'un comme l'autre, on devrait pouvoir arriver certainement à trouver un point d'accord, un point d'entente pour l'avenir de ces œuvres d'art."

Si l'édile tient tant à ces ventes, c'est parce qu'elles permettraient de gonfler le budget de la ville, estimé en 2021 à un peu moins de 100 millions d'euros, mais contracté par la conjoncture actuelle. Les sommes récoltées, promet Gilles Gascon, seront allouées au domaine de la culture, et plus précisément à la rénovation du théâtre, du conservatoire et du cinéma local.

D'autant qu'à l'heure actuelle, l'œuvre de Gerhard Richter sommeille dans un coffre, ce "qui coûte à peu près 8000 euros à la collectivité annuellement de frais de garde" et "qui ne profite à personne", souffle l'intéressé.

Une discussion avec la Dreac dans les prochains jours

La mairie de Saint-Priest prévoit de remettre ce sujet sur la table à l'occasion d'une discussion avec la Direction régionale des affaires culturelles (Dreac) dans les prochains jours.

En cas de nouveau revers, elle n'exclut pas de poursuivre son projet via des enchères en Maison de vente, précise Gilles Gascon au Progrès, dans la mesure où "c'est un avis simple qui a été rendu".

Et le maire d'ajouter: "selon d’où on se place, nous n’avons pas la même interprétation du décret. On pourrait passer une délibération en Conseil municipal dans les deux mois qui viennent pour la vente, nous dit notre service juridique".

Lauriane Pelao avec Florian Bouhot