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Rhône: l'accueil aux urgences de Villefranche-sur-Saône restreint pour cause de manque d'effectifs

Certains patients ne pourront plus être pris en charge pendant au moins deux mois. Seules les urgences pédiatriques fonctionneront comme à leur habitude.

Depuis ce vendredi matin, les urgences de l'hôpital de Villefranche-sur-Saône (Rhône) ne peuvent plus accueillir tous les patients qui se présentent. Seuls les cas les plus critiques sont traités. En cause: des problèmes d'effectifs.

Pour les urgences de jour, quatre à cinq médecins sont présents. La nuit, seulement un à deux.

Cette situation n'était plus tenable pour la direction de l'hôpital. Alors, les équipes ont pris la décision de restreindre au maximum l'accueil des urgences.

Des équipes médicales sous tension

C'est une infirmière d'orientation qui est chargée de déterminer le degré de l'urgence du patient. Les accidentés sont traités dans le service, mais les patients qui peuvent attendre sont invités à se rendre dans d'autres établissements. Seule exception: les urgences pédiatriques fonctionneront comme à leur habitude.

Mais Villefranche-sur-Saône n'est pas un cas isolé. Les manques de médecins touchent tout le territoire français et de plus en plus d'urgences sont contraintes de fermer.

À Gien, dans le Loiret, le service des urgences est fermé entre 19h et 8h du matin depuis le 1er mars. Cette fermeture a provoqué la colère et l'inquiétude des habitants de la commune. Une pétition a même été lancée contre la fermeture des urgences la nuit. Elle recueille aujourd'hui un peu plus de 1600 signatures.

Ce manque d'effectif n'est pas nouveau pour l'hôpital de Villefranche-sur-Saône. "On a mis en place ce protocole de réorientation parce qu'on a des équipes médicales sous tension et en sous-effectif. Il faut qu'on trouve une façon d'organiser au mieux les urgences et permettre à nos équipes de travailler dans les meilleures conditions tout en accueillant l'ensemble des patients", a déclaré Anne Metzinger, directrice adjointe de l'hôpital, au micro de BFM Lyon.

Avec la loi Rist, des services menacés

L'hôpital va devoir recruter une dizaine de médecins dans les deux prochains mois. Entre 30 et 40% des postes sont actuellement vacants chez les médecins urgentistes.

"Ce qui nous manque, ce sont les médecins. On n'arrive pas à en recruter pour renforcer nos équipes même si on aurait les moyens de le faire", précise Anne Metzinger.

Mais les médecins dénoncent un manque de lits d'hospitalisation, des conditions de travail dégradées et un épuisement professionnel avec de nombreuses heures supplémentaires.

"Une ligne rouge en dessous de laquelle notre prise en charge ne s'apparente plus à la médecine telle que nous avons appris à la pratiquer", souligne le Collectif d'urgentistes de l'hôpital de Villefranche-sur-Saône. Et la loi Rist, qui plafonne les salaires des médecins intérimaires à 1390 euros brut, ne semble pas arranger les choses.

Cette situation pourrait donc durer, si bien que la direction de l'hôpital de Villefranche-sur-Saône a annoncé que ce système de prise en charge aux urgences sera en place pendant deux mois.

Camille Bluteau