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Rhône: de nouveaux vitraux installés à l'église de Charly après le retrait de ceux du père Ribes

Le mardi 9 avril, les premiers nouveaux vitraux de l'église Notre-Dame à Charly ont été installés après le retrait des œuvres du père Ribes, condamné pour pédocriminalité il y a deux ans.

L'église Notre-Dame de Charly (Rhône) fait peau neuve et efface les traces d'un bourreau. Ce mardi 9 avril, l'installation de nouveaux vitraux a débuté au sein de l'édifice. Les précédents avaient été réalisés par le père Louis Ribes, surnommé le "Picasso des églises", et reconnu coupable il y a deux ans par le diocèse de Lyon de viols et agressions sexuelles sur 49 victimes. Celles-ci étaient mineures au moment des faits qui se sont déroulés entre 1950 et 1990.

Le prêtre pédocriminel, mort en 1994, avait laissé derrière lui plusieurs de ses œuvres dans les paroisses du Rhône, notamment ces 11 vitraux à Charly. Un premier vitrail avait été retiré au milieu du mois de mars, car les victimes réclamaient leur retrait depuis plusieurs mois, estimant revivre certaines scènes traumatisantes vécues durant leur enfance.

Ces vitraux représentent notamment des enfants, et leur interprétation change lorsque l'on connaît les accusations portées à l'encontre du prêtre. "A partir du moment où il y a une victime qui peut se reconnaître, il n'y a aucune raison de les laisser à la vue de tout le monde", avait déclaré Thierry Ducharne, délégué au patrimoine historique de Charly, à BFM Lyon.

Les nouveaux vitraux installés dans l'église Notre-Dame de Charly ont été réalisés à l'atelier Vitrail Saint Jean L'Art-Elier dans le 5e arrondissement de Lyon. Julien Pitrat, maître dans l'atelier est fier de participer à l’ouvrage. “Cela permet de mettre la pierre à l’édifice de cette guérison”, rapporte-t-il à BFM Normandie. “De faire en sorte de contribuer à ce que les victimes aillent mieux pour moi c’est très important.”

Voulant se détacher de l’œuvre principale, l’artisan a décidé de rester sur de l’abstrait hormis la colombe, symbole du Saint-Esprit. “Quand j’ai vu la photo de la vue d’ensemble, le dessin m’a paru naturel, poursuit Julien Pitrat. Cela s’est fait instinctivement. Il y a juste un dégradé que j’ai voulu faire.”

Pour la mairie, qui a guidé les concertations sur l’élaboration des nouveaux vitraux, le remplacement des créations entachées par les crimes de l’homme d'Église devenait urgent. “C’était important à partir du moment où une seule victime était amenée à se reconnaître, il n’était pas question pour nous de le garder dans cette église”, explique Thierry Ducharne, délégué au Patrimoine de la ville de Charly.

11 vitraux remplacés

Au total, 11 vitraux vont être remplacés. Le coût du chantier est estimé à 80.000 euros entièrement pris en charge par le diocèse. Pour les victimes, le changement des vitraux est un pas dans la bonne direction.

“C’est une reconnaissance des atrocités qu’on a vécues et de la prise de conscience de la société, des maires et des habitants que des pédocriminels ont bousillé la vie de centaines de milliers d’enfants”, rapporte Luc Gemet, victime du prêtre Louis Ribes. “J’espère qu’à travers les gestes forts comme ça, on se dira qu’il faut que ça change. Qu’il faut que ça s’arrête.”

Depuis la condamnation de Louis Ribes, les différentes communes qui ont accueilli ses vitraux au cœur de leur église ont procédé à leur retrait. En octobre 2023, le village de Sainte-Catherine en désinstallait qui dataient des années 1970. Cette décision avait été prise par les évêques à la suite de la découverte des témoignages des premières victimes.

L’église de Dième avait également suivi le mouvement, et quatre autres communes du Rhône qui exposaient encore ces œuvres ont accepté de les retirer dans les prochains mois. A l’exception de Givors, dont le maire reste encore opposé à cette idée.

Raphaël Blandamour avec Mélanie Hennebique