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"Ratonnade" à Lyon: jusqu'à cinq ans de prison, dont deux avec sursis, requis contre les prévenus

Le tribunal judiciaire de Lyon.

Le tribunal judiciaire de Lyon. - JEFF PACHOUD / AFP

Sept individus ont comparu ces deux derniers jours pour des faits de violences et d'injures raciales contre des supporters algériens, qui fêtaient la victoire de leur équipe à la Coupe d'Afrique des Nations en 2019.

Si les plus âgés se souvenaient certainement de 1990, les plus jeunes supporters des Fennecs n'avaient jamais connu une telle effusion de joie. Ce 19 juillet 2019, l'équipe d'Algérie de football se défait du Sénégal et s'adjuge la Coupe d'Afrique des Nations (CAN), la deuxième de son histoire.

Dans toutes les villes françaises où cette communauté est représentée, des scènes de liesse s'invitent dans les rues dès le coup de sifflet final de la rencontre. À Lyon, la marée verte est particulièrement dense. Drapeau au croissant de lune sur le dos, les fans rivalisent de coups de klaxon.

Rapidement, la fête tourne au chaos pour certains supporters des Fennecs. Armés de barres de fer ou de battes de baseball, 30 à 40 individus estampillés extrême droite se lancent dans une "ratonnade". Des véhicules sont fracassés, des supporters copieusement insultés de "sales bougnoules" et roués de coups. On compte au total une dizaine de victimes. Elles ont vécu ni plus ni moins "une soirée d'effroi", insiste Me Bertrand Sayn au micro de BFM Lyon.

"Antithèse"

Poursuivies des chefs d'injures à caractère raciste, de dégradations en réunion pour des raisons racistes et de violences, sept personnes comparaissaient ces deux derniers jours devant le tribunal judiciaire de Lyon.

La procureure, Céline Cuny, a notamment requis à l'encontre de deux d'entre eux des peines allant jusqu'à cinq ans d'emprisonnement, dont deux avec sursis et mise à l'épreuve, rapporte l'Agence France-Presse (AFP). Elle a également requis un an de prison, dont deux mois de sursis et mise à l'épreuve, pour deux autres prévenus.

"Ces comportements sont l'antithèse parfaite et absolue de toutes les valeurs qui fondent notre société", fustige Céline Cuny, dénonçant "ces artisans de la fracture sociale".

"L'idée la plus conne de ma vie"

Âgés de 24 à 34 ans, les prévenus ont dans leur grande majorité nié les faits qui leur sont reprochés. Avec une ligne de défense commune: "j'étais là, mais je n'ai rien fait".

Florian, par exemple, reconnaît qu'il était attablé au Gump's Corner, bar de la rue Carnot, dans le 2e arrondissement, ce soir-là. C'est d'ici que sont parties les exactions. Un hasard, selon lui.

Pourquoi, alors, a-t-il suivi le groupe violent, l'interroge la présidente. "C'est l'idée la plus conne de ma vie", rétorque le prévenu, se décrivant comme un simple spectateur des agissements des autres.

Une batte de baseball a été retrouvée chez cet ancien du GUD, qui se dit désormais repenti. L'arme ne lui appartient pas, promet-il. Et ajoute qu'il n'a jamais rien jeté sur une voiture, contrairement ce qu'il avait affirmé dans sa déposition.

Délibéré le 7 juillet

Raphaël adopte la même posture. Cet ancien militant du groupe néofasciste Bastion social -qui venait d'être dissous- aurait suivi le mouvement afin "de ne pas passer pour une baltringue". Il récuse toute dégradation d'un véhicule à l'aide d'un fléau d'armes, ce dont l'accuse son occupant.

Arthur, lui, est un connaisseur des sphères d'ultradroite. Il a fréquenté le GUD, le FN et Bastion Social. À son domicile, les enquêteurs ont mis la main sur un t-shirt floqué 88, un code signifiant "Heil Hitler". Une victime le désigne comme l'un des coordinateurs des actions violentes. Ce qu'il nie.

L'ensemble des prévenus, dont certains sont rattachés à un groupe ultra de l'Olympique lyonnais, prendront connaissance du délibéré le 7 juillet, à 14h.

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions