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Pollution à Pierre-Bénite: la préfecture annonce "une surveillance approfondie des rejets de perfluorés"

Le Rhône (illustraition).

Le Rhône (illustraition). - dr

Une enquête journalistique, qui sera diffusée jeudi soir sur France 2, révèle un risque de contamination "grave et sérieux" pour les habitants du sud de Lyon, en lien avec deux industries chimiques.

Des milliers d'habitants de la métropole de Lyon sont-ils exposés à une pollution aux perfluorés? C'est ce que révèle une enquête menée pendant près d'un an par l'équipe de l'émission Vert de Rage, dont une première mouture sera diffusée jeudi sur France 2, dans Envoyé Spécial.

Elle met en cause deux entreprises pour leurs émissions de polluants nocifs pour la santé: la multinationale Arkema et Daikin, installées dans la vallée de la chimie, et plus précisément à Pierre-Bénite.

Une réunion publique s'est tenue ce mardi soir à la Maison de l'environnement en présence de Martin Boudot, l'auteur de l'enquête, de représentants de collectivités du Grand Lyon et de l'État. Le journaliste leur a présenté les résultats de ses prélèvements, analysés par Jacob de Boer, un scientifique hollandais.

Ces derniers révèlent des taux anormalement élevés de perfluorés dans l'air, le sol, l'eau et même dans le lait maternel de femmes vivant dans l'agglomération. Le spécialiste y voit "une contamination grave et sérieuse", a révélé le journaliste sur le plateau de BFM Lyon ce mardi, exposant plus de 200.000 personnes à ce polluant invisible, décrit comme "éternel".

Par l'intermédiaire d'un communiqué, la préfecture a annoncé à l'issue de la réunion publique que "les services de l’État (prenaient) très au sérieux les risques liés aux rejets des industriels qu’ils contrôlent, et (n'avaient) de cesse de les faire diminuer".

Les rejets "ne sont pas réglementés"

Si elle assure que de nombreux contrôles ont été réalisés ces derniers mois dans les zones d'exploitation d'Arkema et de Daikin, elle entend mettre en place "une surveillance approfondie des rejets de perfluorés". "À ce jour, les rejets des trois perfluorés utilisés par les deux sites concernés ne sont pas réglementés", est-il précisé.

"Sur la base de cette surveillance, dont les résultats pourront être comparés à ceux de l’étude présentée lors de la réunion publique de ce (mardi) soir quand celle-ci sera transmise dans le détail à l’administration, l’inspection des installations classées se rendra auprès de chaque exploitant et s’attachera à encadrer les rejets des substances concernées", peut-on également lire dans le communiqué.

La préfecture rappelle que "comme beaucoup de substances chimiques, même simples, elles peuvent présenter un risque pour la santé, généralement dans le cas d’une exposition répétée et à long terme". Certains perfluorés ont été déclarés cancérigènes, d'autres ont des impacts sur les reins ou les hormones.

Liste noire

Ils sont utilisés pour fabriquer des "produits de consommation courante, pour leurs propriétés imperméabilisantes, ignifuges, antiadhésives… On peut les retrouver par exemple dans les poêles, les mousses isolantes ou le fart à skis", énumère la préfecture.

Également conviée à la réunion publique, la métropole de Lyon s'est dite "préoccupée par les résultats de l'enquête menée par Vert de Rage. Selon Bruno Bernard, "la lutte contre le fléau sanitaire des pollutions industrielles doit avant tout passer par l'élargissement des normes et des réglementations nationales et européennes et un renforcement des contrôles que nous appelons de nos vœux de façon urgente".

Une partie des perfluorés ont été ajoutés à la liste noire de l'Union européenne, qui prévoit à terme de les bannir totalement.

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions