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Polluants éternels: une information judiciaire ouverte à Lyon pour "mise en danger d'autrui"

L'usine Arkema à Pierre-Benite, dans la vallée de la chimie près de Lyon (illustration).

L'usine Arkema à Pierre-Benite, dans la vallée de la chimie près de Lyon (illustration). - AFP

Le parquet de Lyon a décidé d'ouvrir une information judiciaire dans la vaste affaire dite des polluants éternels, dans la vallée de la chimie à Lyon.

Une information judiciaire pour "mise en danger d'autrui" a été ouverte à Lyon dans l'affaire des polluants éternels "PFAS" produits par des sites industriels de la vallée de la chimie au sud de Lyon, a indiqué vendredi le parquet de Lyon.

La décision a été prise "à la suite de la constitution de partie civile de la commune de Pierre-Bénite" concernant ces composants toxiques, a précisé le parquet sans préciser la date d'ouverture de l'information.

Par ailleurs, un référé environnemental transmis à un juge le 9 octobre dernier en vue d'éventuelles mesures sanitaires est toujours en cours d'instruction, selon la même source.

De graves répercussions sur la santé

Ce référé fait suite à une plainte déposée par des associations qui accusent le groupe chimique Arkema, présent sur la plate-forme industrielle de Pierre-Bénite, d'atteintes à l'environnement et à la santé.

Les PFAS, composés poly- et perfluoroalkylés, dotés de propriétés anti-adhésives et imperméables, sont massivement présents dans la vie courante: poêles en Teflon, emballages alimentaires, textiles imperméables, automobiles...

Ces polluants peuvent se retrouver dans des rejets industriels ou des sites d'enfouissement et contaminent les eaux. En cas d'exposition sur une longue période, ils peuvent avoir des effets sur la fertilité et sur le développement du fœtus, augmenter les risques d'obésité ou favoriser certains cancers (prostate, reins et testicules), selon des études scientifiques.

Mercredi, les écologistes de la région ont appelé à la publication de la liste des sites industriels rejetant des PFAS identifiés par la Direction régionale de l'environnement (Dreal), en dénonçant un "silence sur un sujet de santé publique".

Arkema et Daikin, cibles principales des plaintes

Les autorités ont lancé des investigations poussées au printemps 2022 après la diffusion d'un documentaire de France 2 sur la pollution aux PFAS dans la vallée de la chimie. Deux entreprises locales, Arkema et Daikin, sont particulièrement visées par les signalements et plaintes des associations et des communes avoisinantes.

Un arrêté préfectoral de 2022 a enjoint à Arkema l'arrêt de l'utilisation de PFAS d'ici la fin de 2024. L'industriel a depuis installé une station de filtration permettant de réduire drastiquement ces rejets, mais les plaignants demandent que l'eau soit aussi traitée avant son utilisation.

Selon la préfecture régionale, les rejets émis par Daikin dans le Rhône "demeurent faibles et maîtrisés et ceux produits par Arkema respectent les paliers de réduction imposés par l'arrêté préfectoral" de septembre 2022.

La Dreal indique sur son site surveiller 610 sites en Auvergne-Rhônes-Alpes, avec 120 contrôles inopinés menés en 2022, conduisant à des demandes d'informations et d'actions pour 14 sites industriels "en raison des teneurs et des quantités de PFAS détectées dans les rejets".

A.L avec AFP