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Policiers agressés à Lyon: Gérard Collomb dit "ne plus reconnaître sa ville" et attaque la municipalité

Invité de BFMTV ce jeudi soir, l'ancien maire de Lyon a dénoncé avec virulence la politique de sécurité de la Ville.

C'était mieux avant, quand il était aux commandes. C'est en substance le message qu'a délivré l'ancien maire de Lyon et ancien ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, au micro de BFMTV ce jeudi soir. Il réagissait à l'agression, mercredi soir, de trois policiers en civil dans le quartier de La Guillotière.

"Il y a une responsabilité municipale"

"On ne veut pas prendre en compte les problèmes de sécurité dans cette ville", a déclaré l'ancien édile. Ce dernier en veut pour preuve la baisse du nombre d'effectifs de police municipale à Lyon.

"Par le passé, il y avait une vraie politique municipale, une vraie police municipale. Aujourd'hui, d'ailleurs, les policiers s'en vont. Il y avait, lorsque je suis parti, 335 policiers municipaux. Il y en a 271 à ce jour". À date du 8 juillet, ils étaient en fait 287.

En 2020, l'actuel maire écologiste de Lyon, Grégory Doucet, avait affirmé la volonté de recruter plus d'agents de police municipale pour revenir à 365. Mais la Ville peine à recruter. Un problème structurel pour Laurent Bosetti, adjoint (LFI) à la Ville de Lyon, délégué aux ressources humaines:

"Il manque 20% de policiers municipaux à l'échelle de la France pour combler les besoins réels des collectivités territoriales. Toutes les grandes collectivités de France, de droite comme de gauche, se retrouvent avec ce marché de l'emploi sous-structuré."

"Je ne reconnais plus ma ville"

Revalorisation des salaires des agents, plan d'action pour "pacifier" le quartier et la place Gabriel Péri: aucune mesure de la municipalité actuelle ne trouve grâce aux yeux Gérard Collomb. "On n'avait jamais connu des événements comme ceux-là sur Lyon. J'ai connu, comme ministre de l'Intérieur, les quartiers Nord de Marseille et la grande banlieue parisienne. Aujourd'hui, Lyon est en train de devenir comme cela", a-t-il déploré.

"C'est la direction qui a été empruntée. Lorsque l'on dit par exemple 'Welcome le monde, tout le monde peut venir à Lyon', évidemment que cela se traduit ensuite par un renforcement de la délinquance. Il y a une responsabilité, qui est une responsabilité municipale."

Pourtant, le secteur de La Guillotière n'était pas non plus un havre de paix sous son autorité. Il était déjà confronté à des problèmes d'incivilités et d'insécurité. Mais pour le désormais conseiller municipal, les difficultés ont augmenté depuis son départ.

"Ça a empiré [...]. Les problèmes ne sont pas qu'à La Guillotière. Vous avez vu les jeunes qui se sont fait tuer à La Duchère. Dans tous les quartiers de Lyon, il y a aujourd'hui de l'insécurité. Moi, je ne reconnais plus ma ville", a-t-il martelé.

C'est loin d'être la première fois que l'ancien édile s'en prend à son successeur, auquel il reproche régulièrement sa politique de sécurité.

"Rien ne peut justifier les violences exercées à l'encontre des policiers nationaux dans le quartier de la Guillotière. Ils ont mon soutien", a pour sa part réagi Grégory Doucet sur Twitter.

Une enquête ouverte

Deux des trois policiers pris pour cible ont été légèrement blessés au terme d'une course-poursuite, après avoir avoir été témoins d'un vol à l'arraché. Leur incapacité totale de travail est évaluée à deux jours pour l'un et à sept jours pour l'autre.

Selon nos informations, le parquet de Lyon a ouvert une enquête pour "vol" et "violences sur personnes dépositaires de l'autorité publique". L'enquête a été confiée à la sûreté urbaine et vise aussi à identifier les autres personnes qui ont porté les coups aux agents.

Sarah Boumghar