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Fourgon braqué à Lyon: la piste d'éventuelles complicités en question

Le fourgon blindé a été incendié.

Le fourgon blindé a été incendié. - BFM Lyon

Au lendemain de l'attaque d'un fourgon blindé à sa sortie d'une succursale de la Banque de France à Lyon, plusieurs questions se posent concernant d'éventuelles défaillances au sein de Loomis, la société de transport de fonds à laquelle appartenait le véhicule.

"Une attaque audacieuse." Ce sont les mots qu'a employés Michel Tresch, PDG de Loomis, après que le fourgon blindé de sa société de transport de fonds a été attaqué par plusieurs personnes armées, vendredi matin, à sa sortie d'une succursale de la Banque de France à Lyon. Le butin, estimé à 9 millions d'euros, est colossal.

Les braqueurs, à bord de deux véhicules utilitaires, ont suivi le fourgon à sa sortie d'un bâtiment de la Banque de France avant de le bloquer. Selon les informations de BFM Lyon, au moins cinq hommes armés ont menacé les convoyeurs et se sont faits remettre des sacs de billets, avant de prendre la fuite à bord de deux voitures retrouvées incendies au sud de la ville. Aucun blessé n'a été à déplorer.

Plusieurs questions se posent, au lendemain du braquage, notamment concernant une éventuelle "complicité" au sein de la société de transport de fonds, comme l'a relevé Dominique Rizet, consultant police-justice de BFMTV, ce samedi matin. Le délégué CGT de Loomis Kader Bengueche a, en effet, demandé l'ouverture d'une enquête interne.

Les transporteurs suivent des "formations assez poussées pour s'extraire de guet-apens [...] et là, ce qui est particulier, c'est qu'ils aient ouvert la porte aux braqueurs", a-t-il souligné.

"Une faute de l'entreprise"

Deux autres salariés, qui ont discuté avec les transporteurs victimes du braquage, une femme et deux hommes, et qui ont requis l'anonymat, ont également indiqué que le système de verrouillage du véhicule présentait "régulièrement" des défaillances.

Par conséquent, alors que le code de sécurité est censé être changé "à chaque utilisation", ce véhicule fonctionnait avec "un code permanent", ce qui a permis aux braqueurs de "gagner du temps" selon eux.

"Il y a là clairement une faute de l'entreprise qui a mis [le véhicule] en circulation en connaissance de cause", ont-ils affirmé, assurant que le conducteur, "ancien moniteur de tir formé à la conduite défensive", est un "très bon chauffeur".

Selon le parquet de Lyon, le butin s'élève à neuf millions d'euros, soit l'un des plus importants depuis le "casse du siècle" de Toni Musulin, qui s'était volatilisé avec 11,6 millios d'euros en 2009. Ce dernier avait braqué un véhicule qui appartenait lui aussi à la société Loomis.

Des précédents

La société de transport de fonds est régulièrement prise pour cible par des malfaiteurs, en particulier dans la région lyonnaise. Le PDG de Loomis France a toutefois assuré qu'il y avait eu "une très large baisse de ce type d'attaques", en comparaison avec les années 2000.

En mai 2017, la police judiciaire avait arrêté en Haute-Savoie sept malfrats de la région lyonnaise de retour d'un braquage de fourgon Loomis commis en Suisse, au butin colossal: 35 millions d'euros (pour l'essentiel des billets de différentes devises, mais aussi des diamants et lingots d'or) avaient alors été retrouvés.

En décembre 2016, au moins quatre malfaiteurs avaient dérobé 70 kg de poudre d'or, d'une valeur marchande de 2,5 millions d'euros, lors du braquage d'un fourgon de la même société à Dardilly, près de Lyon.

Les braqueurs semblent en tout cas être "des professionnels", selon Dominique Rizet, étant donné la rapidité avec laquelle ils ont agi et l'efficacité de leur mode opératoire. Une enquête pour vol avec arme en bande organisée a été ouverte et confiée à la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Lyon et à la Direction centrale de la Police judiciaire (DIPJ) de Lyon.

Clément Boutin avec AFP