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Caluire: la préfète signe un permis de construire pour 23 logements sociaux, la mairie dénonce un "communiqué mensonger"

La préfète du Rhône a délivré un premier permis de construire pour imposer des logements sociaux à la commune de Caluire-et-Cuire, qui ne respecte pas la loi SRU. La mairie affirme que le projet a été porté par la ville.

La préfète du Rhône prend les choses en main. Face à l'incapacité de la commune de Caluire-et-Cuire de respecter la loi SRU, celle-ci a repris les compétences d'urbanisme de la ville et de six autres municipalités en janvier.

En début de semaine au congrès des maires du Rhône, le maire LR de Caluire Philippe Cochet critiquait cette décision au micro de BFM Lyon et ironisait quant à ses répercussions. "La vision de l'Etat ne tient compte d'aucune particularité, c'est dommage parce que c'est inefficace (...). Combien de logements ont été réalisés depuis que l'Etat s'en occupe? Zéro! C'est-à-dire que depuis 3 mois, il ne se passe rien", dénonçait-il.

Quelques jours plus tard, la préfète lui répond donc en délivrant un premier permis de construire. Il concerne un bâtiment de 23 logements sociaux, qui sera construit dans les prochains mois sur l'avenue Louis Dufour.

"Alors que le délai d'instruction d'un permis de construire de ce type est de 3 mois, les services de l'Etat ont reçu le dossier mi-février 2024 et sont parvenus à l'instruire en 5 semaines montrant l'effet d'accélération recherché", s'est félicitée la préfecture.

Le maire assure avoir porté lui-même le projet immobilier

La réponse de la municipalité ne s'est pas faite attendre. Dans un communiqué transmis à BFM Lyon, Philippe Cochet assure que "le communiqué de la préfecture est mensonger!".

Selon lui, la construction de ce bâtiment est un projet porté par la mairie depuis près d'un an. "Le projet de 23 logements sociaux mentionné a été monté par la ville de Caluire-et-Cuire et le promoteur Warm Up et non par la préfecture", assure ainsi la municipalité, qui ajoute l'avoir présenté aux habitants début novembre.

Selon l'édile, la reprise en main des compétences d'urbanisme aurait même "fait perdre du temps au promoteur", puisque la commune comptait délivrer le permis de construire "tout début 2024, si elle avait conservé sa signature. "Où est l'effet d'accélération cité par la préfecture?", questionne ainsi la mairie.

De nombreux élus locaux dénoncent la loi SRU

Adoptée en 2000, la loi SRU impose aux villes un quota de 20 à 25% de logements sociaux dans leur parc immobilier. Elle est ciblée par de nombreux élus locaux depuis plusieurs années, qui réclament des révisions, voire sa suppression.

Fin février, 113 élus locaux avaient écrit dans le JDD une lettre ouverte au ministre délégué au logement, demandant "à reprendre la main sur la question du logement social".

Un "ajustement" à venir?

Lors de sa nomination, le Premier ministre Gabriel Attal avait émis la possibilité de la réformer, afin d'y intégrer des logements intermédiaires "pour le logement des classes moyennes". Le ministre délégué au logement Guillaume Kasbarian avait ensuite déclaré qu'"il n'y a pas de tabou à ajuster la loi SRU" mi-mars.

Cette éventualité avait fait bondir l'Union sociale pour l'habitat (USH), confédération des bailleurs sociaux, qui a demandé au gouvernement de renoncer à une réforme.

"La crise que le logement traverse aujourd'hui dans notre pays appelle d'autres réponses, d'autres combats que la remise en cause de ce qui fonctionne. Les quelques maires qui, sciemment, se situent en dehors de la loi en n'assumant pas leurs responsabilités vis-à-vis de la cohésion nationale, ne méritent certainement pas un tel cadeau", avait déclaré Emmanuelle Cosse, ancienne ministre et actuelle présidente de l'USH.

Victoria Solano avec Mathias Fleury